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Corée du Sud
Se mutiler… pour mieux parler anglais!
Patrice Cinq-Mars – Canoë (d’après Reuters)

© AP – archives

L’ambition est parfois sans limite. à l’instar de quelques-uns de ses
compatriotes, une Sud-Coréenne qui voit grand pour son fils a décidé de le faire
opérer afin qu’il puisse parler anglais sans accent.
L’opération consiste à retirer le frein de la langue, le petit repli qui relie
la langue au bas de la bouche.

Le garçon, âgé d’à peine six ans, n’est pas seul dans son cas. Plusieurs
Sud-Coréens se tournent en effet vers le bistouri afin de procurer à leur
progéniture toutes les chances de réussir dans une société de plus en plus
compétitive.

Un médecin d’un hôpital de Séoul interrogé par Reuters affirme ainsi qu’il
pratique l’opération une ou deux fois par mois.

Pour se faire, les parents doivent débourser 150 000 wons (environ 167
dollars canadiens). L’opération ne dure que cinq minutes et serait efficace.
Elle comporte cependant des risques – minimes – de complications ultérieures, ce
qui fait que les médecins ne la recommandent pas.

Qui plus est, pour une amélioration tangible de leur prononciation, certains
patients doivent subir des mois de ré-éducation à la suite de l’opération.

Apprendre une langue étrangère dès le plus jeune âge, et à plus forte raison
en ayant recours à la chirurgie, peut comporter des risques de nature
psychologique, explique un médecin interviewé par Reuters. Le docteur Shin
Min-sup, professeur à l’Université nationale de Séoul et qui se spécialise dans
la psychiatrie relative aux adolescents, soutient que certains enfants
développent ainsi des troubles du langage et, dans le pire des cas, deviennent
carrément autistiques.

La fièvre de la langue anglaise

Si l’anglais est en progression un peu partout dans le monde, l’enthousiasme
qu’il provoque atteint rarement celui de la Corée du Sud.

Depuis la crise économique qui a frappé le pays en 1998-99, l’apprentissage
de la langue de Shakespeare est devenu une véritable obsession. à l’époque,
l’ouverture des marchés financiers a entraîné d’importants investissements
étrangers, créant du même coup un besoin pour les travailleurs pouvant parler
anglais.

Depuis, la maîtrise de la langue est devenue primordiale, au point où
certains Coréens ont carrément recours à la chirurgie de la langue…

(Le 21 octobre 2003)


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