UNIVERSITé DE TECHNOLOGIE DE
BELFORT-MONTBéLIARD
Il y a quelque temps, le Conseil des études de l’UTBM (Université de
technologie de Belfort-Montbéliard) avait, lors d’une séance à laquelle je
n’avais malheureusement pas pu participer, décidé d’instaurer l’obligation, pour
tous les élèves ingénieurs, d’obtenir une note minimale au TOEIC (Test of
English for International Communication).
Lorsque je suis arrivé à l’UTBM, il y a 5 ans, un élève ingénieur devait
obligatoirement réussir, durant les 3 dernières années de sa formation, 2 unités
de valeur (2 cours) dans une langue de son choix (anglais, allemand, espagnol,
italien, russe, chinois, coréen). Encore aujourd’hui, l’offre de l’UTBM en
langues vivantes demeure variée mais en apparence seulement. La
première mesure restrictive est venue il y a quelques mois lorsque l’UTBM avait
rendu obligatoire à tous ses étudiants l’obtention d’une note minimale à un
examen international de langue, pour l’anglais, l’espagnol OU
l’allemand, exclusivement. C’est-à-dire que les étudiants pouvaient toujours,
dans le principe, s’inscrire aux cours de langues de leur choix mais,
dans les faits, ils devaient obligatoirement suivre des cours soit d’anglais,
d’espagnol ou d’allemand pour pouvoir avoir la note minimale requise
aux examens internationaux correspondants.
Une nouvelle restriction est venue s’appliquer depuis, celle d’une note
minimale au TOEIC quelle que soit la langue étudiée (note minimale
variable suivant que l’anglais est choisi en 1ère ou en 2ème langue). En
d’autres termes, l’étude de l’anglais est devenue obligatoire.
Comme on peut le constater, cela s’est fait de manière furtive, et tout laisse à
penser que la prochaine mesure sera de ramener la note minimale au TOEIC à la
même valeur pour tous les étudiants dans un proche avenir.
En fait, le problème se situe bien en amont de l’UTBM. Pour être accréditée par
la CTI (Commission des titres de l’ingénieur), l’UTBM est mise en demeure, par
cette même commission, d’en appliquer les directives. Le basculement à
l’anglais n’est pas le résultat d’une demande populaire mais de directives
venant d’en haut, du ministère de l’Education et des diverses
commissions qui lui sont associées.
C’est petit à petit, de manière très progressive, que diverses mesures sont
venues ainsi s’appliquer et qui visent à la substitution par l’anglais
de toutes les langues étrangères auxquelles nos étudiants pourraient
éventuellement s’intéresser. Ce n’est pas au niveau des étudiants ni des
universités qu’il nous faut travailler. Les professeurs n’y sont pour
rien pas plus que les étudiants ou les directeurs des établissements
d’enseignement supérieur. Les décideurs réels constituent une poignée.
On ne voit jamais les véritables responsables de cette politique
qui est probablement dictée par Bruxelles ou par des cercles restreints
réunissant les quelques décideurs réels et leurs maîtres à penser.
Les choix spontanés des peuples n’ont rien à voir là dedans. Une minorité
croissante de nos étudiants s’intéresse de plus en plus aux langues
asiatiques, chinois et japonais principalement mais ils devront OBLIGATOIREMENT
ETUDIER L’ANGLAIS même s’ils peuvent prendre des cours de chinois ou de
japonais !! J’ai récemment fait savoir aux autres membres de notre Conseil des
études que l’on se moquait de nous en nous proposant de discuter de directives
qui sont prises bien en amont de notre université. Comme je l’ai souligné, si
nous ne suivions pas ces directives, l’université de technologie, à moyen terme,
perdrait son accréditation!
Charles Durand
Charles.Durand@utbm.fr
(Le 6 octobre 2002)