| Le multilinguisme à l’UQAM  A french university?
 
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 Charles Messier  Le contexte dinternationalisation et la concurrenceinteruniversitaire obligent-ils une plus grande ouverture de lUQAM aux
 langues du continent américain? Le débat est lancé.
 «Pour les travaux en français, cest la pile de gaucheet, pour les autres langues, cest à droite.» Si cette directive dun
 professeur peut paraître farfelue pour linstant, elle pourrait devenir
 monnaie courante dici cinq ans à lUQAM.
 En effet, un rapport controversé dun groupe de travailremet en question lunilinguisme de lUniversité. Présenté à la Commission
 des études, le document pourrait mener à ladoption dun projet-pilote
 jetant les bases dune nouvelle politique linguistique dès lan prochain.
 Globalement, le rapport déposé en mai dernier, intitulé L’UQAM,
 université francophone québécoise à vocation internationale, propose
 trois grands axes de changement: – Permettre aux étudiants d’être en contact
 avec d’autres langues que le français
 – Accroître significativement le nombre d’étudiantsnon-francophones
 – Consolider et rehausser la maîtrise du français cheztous les étudiants
 Pour concurrencer les autres universités montréalaises etmême celles de tout le continent, le président du groupe de travail, Paul
 Bélanger, veut développer le volet international de l’UQAM. «On ne veut pas
 que le Québec senferme dans le nouvel espace des Amériques, souligne le
 professeur des sciences de léducation. On veut une autre mondialisation et
 une autre ZLEA. Et on veut y jouer un rôle important. Pour ça, il faut
 souvrir.»
 Le professeur retraité de sciences économiques, LouisGill, appuie le processus dinternationalisation de linstitution, mais
 condamne les moyens mis de lavant par le rapport Bélanger. «Compte tenu de
 la raréfaction des fonds publics, les universités sont placées en situation
 de concurrence pour aller chercher des effectifs étudiants. Mais faut-il se
 mettre à donner des cours en anglais? Moi, je crois que non.» Ainsi, il
 craint que l’UQAM perde son caractère unilingue français. «Les moyens
 proposés sont extrêmement dangereux. On ne peut pas, comme université
 francophone, ouvrir la porte à ce que l’UQAM devienne autre chose,
 c’est-à-dire, une université plurilingue.»
 Audace rabrouée En clair, le rapport Bélanger propose doffrir auxétudiants de premier cycle de suivre jusqu’à 10 % de leur formation en
 anglais, en espagnol ou en portugais, afin de leur permettre d’être en
 contact avec d’autres langues que le français. «Dix pour cent des cours,
 cest beaucoup. Les institutions primaires, secondaires et collégiales ont
 des responsabilités dans lapprentissage des langues. Quant à luniversité,
 elle devrait, pour sa part, poursuivre une amélioration et une consolidation
 de la maîtrise de la langue maternelle», estime le premier vice-président du
 SPUQ, Pierre Lebuis. Pour Paul Bélanger, un étudiant peut apprendre une
 nouvelle langue, tout en améliorant la qualité de sa langue maternelle. «On
 veut créer un réseau de cliniques de français. Tous ont besoin de renforcer
 leur langue. Autant les francophones de souche que les allophones qui ont
 étudié le français au primaire et au secondaire.»
 Louis Gill encourage les étudiants qui souhaitent suivreune partie de leur formation en anglais à le faire… mais pas à l’UQAM. «Nous
 sommes dans une ville où il y a quatre excellentes universités. Deux
 francophones et deux anglophones. Si certains demandent des cours en
 anglais, qu’ils aillent à McGill ou à Concordia», tranche-t-il.
 Paul Bélanger ne croit pas que ce soit si simple. «On aexploré la possibilité de travailler en collaboration avec les deux
 universités anglophones, mais il y a un rapport linguistique inégal. Si nous
 envoyons nos étudiants suivre des cours à Concordia ou à McGill, linverse
 ne sera pas nécessairement vrai.»
 Allophones recherchés Pour attirer davantage détudiants non francophones, lerapport Bélanger suggère d’assouplir les tests d’admission de français écrit
 et parlé. Mais à condition qu’ils acquièrent «les compétences linguistiques
 requises avant l’obtention de leur diplôme». Une fois admis, ils auraient la
 possibilité de suivre des cours dans la langue de Molière et ils pourraient
 remettre leurs travaux et leurs examens dans lune des trois autres langues
 officielles des Amériques. Toujours pour mieux intégrer les
 non-francophones, des cours de langues seraient offerts à certains membres
 du personnel de l’UQAM, comme ceux de la bibliothèque, du Registrariat et
 des Services à la vie étudiante, indique le rapport.
 Le président des états généraux sur la langue française,Gérald Larose, applaudit ces recommandations. «Quand Bélanger nous propose
 d’avoir des dispositifs particuliers pour permettre l’apprentissage du
 français pour les nouveaux arrivants, c’est exactement ce qu’il faut faire.
 Je pense que là-dessus, il faut y aller visière levée et être audacieux. Il
 faut que l’UQAM, qui est une université du centre-ville proche des intérêts
 populaires, soit capable d’intégrer massivement ces gens-là.»
 à l’opposé, le SPUQ demeure conservateur et craint que lefrançais soit victime d’une trop grande ouverture face aux non francophones.
 «Il y a une chose que nous ne voulons pas perdre, quel que soit le principe
 quon nous évoque: c’est notre fonction première de producteur et de
 diffuseur de connaissances en français», explique Pierre Lebuis. Gérald
 Larose acquiesce, mais ne croit pas que les propositions du groupe de
 travail mettraient en péril les objectifs actuellement poursuivis par
 lUniversité. «Il ne faut pas être trop frileux dans le contexte actuel. Il
 y a une féroce concurrence sur le terrain et il faut constater que lUQAM
 est deuxième et que ce n’est pas normal que les institutions francophones ne
 puissent pas attirer chez elles ce qui est le Québec de demain, qu’on le
 veuille ou pas.»
 Des articles parus dans Le Devoir et La Presse,ainsi qu’un numéro spécial du SPUQ-Info, démontrent lampleur du
 débat sur la langue à lUQAM. Débat que tous réclamaient depuis longtemps,
 dailleurs. Le ministre de léducation, Sylvain Simard, pourrait y ajouter
 sa voix puisquil a rencontré, le 8 novembre dernier, le recteur Roch Denis
 qui lui a expliqué lessence du rapport. Au moment décrire ces lignes, le
 ministre ne sétait pas prononcé sur lépineux débat.
 Finalement, ce sont la Commission des études et leconseil d’administration de l’UQAM qui trancheront sur ladoption des
 propositions du rapport. Mais avant, certains de ses aspects doivent être
 précisés, croit Paul Bélanger. Et, interrogé à savoir si lUQAM adoptera les
 propositions, il répond sans hésitation «Ah oui !»
 **************  NDLR – Vous pouvez faire parvenir vos commentaires aujournal Montréal Campus à l’adresse :
 vita_meanc@hotmail.com
 (Le 5 décembre 2002)  (Ce texte nous a été communiqué par notre correspondantM. Daniel Duclos)
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