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LES FAUSSES PISTES DE LA COMMISSION LAROSE

LES FAUSSES PISTES DE LA COMMISSION LAROSE

Charles Castonguay
Hull Qc

Plusieurs intervenants ont dénoncé en ces pages la
recommandation de la Commission Larose de fusionner les quatre organismes de la
loi 101. Il s’agit en effet d’une fort mauvaise piste.

Leur critique ne touche pas cependant à un point essentiel.
Si la Commission Larose a été mise sur pied, c’est que l’un des organismes en
cause ne fait pas son travail.

Les signataires ont rappelé à juste titre que le Conseil de
la langue française a pour tâche de suivre l’évolution de la situation
linguistique au Québec. Or, la Commission Larose avait pour mandat d’analyser
les déterminants les plus importants de la situation de la langue française, en
fonction de l’évolution des principaux indicateurs. De faire, en somme, le
travail que le Conseil ne fait plus.

Posons, par exemple, une question toute simple. Comment
évolue le poids de la population francophone dans la région de Montréal, selon
la langue maternelle ou la langue d’usage à la maison? Question essentielle s’il
en est. Mais sur laquelle le Conseil n’a en rien aidé la Commission à se faire
une idée juste. à tel point que la Commission Larose a recommandé la création
d’un « observatoire de la situation sociolinguistique [auquel] le ministre
responsable de la politique linguistique pourrait demander son avis sur des
sujets controversés ». Autrement dit, de créer un autre Conseil de la langue
française!

Il ne sert à rien de s’empêtrer dans les fausses pistes de la
Commission Larose. Par contre, il demeure impératif de suivre de près le
mouvement des principaux indicateurs linguistiques à Montréal.

Des chiffres qui font réfléchir

Les premiers résultats du recensement de 2001 ont créé tout
un émoi. La baisse continue du poids du Québec au Canada préoccupe avec raison
ceux qui ont l’avenir du français à coeur. Qu’en sera-t-il bientôt du pouvoir
politique du Québec et, partant, du Canada français?

Une semblable prise de conscience quant au déclin du pouvoir
politique des francophones dans la région de Montréal se fait cependant
attendre. Pourtant, entre les recensements de 1986 à 1996 le poids de la
population francophone à Montréal a baissé à peu près aussi rapidement que le
poids du Québec dans l’ensemble canadien.

Si la tendance se poursuit, qu’en sera-t-il bientôt de la
volonté de maintenir un Montréal français? Comme pour le pouvoir du Québec au
Canada, le pouvoir du français à Montréal est une question de poids et de
nombre.

à sa décharge, la Commission Larose n’était pas dotée d’un
comité scientifique pour l’aider à voir clair dans les chiffres essentiels. En
revanche, le Conseil de la langue française dispose depuis toujours d’un service
de recherche. Sauf que le Conseil a cessé depuis belle lurette de nous
renseigner correctement sur l’évolution du poids de la population francophone
selon la langue maternelle et la langue d’usage à la maison. Il préfère se
distraire avec un indice de langue d’usage public qui ne tient pas debout.

Les résultats de 2001 touchant les indicateurs linguistiques
fondamentaux seront bientôt disponibles. Plutôt que de suivre des fausses
pistes, il est grand temps que le gouvernement rappelle le Conseil à son devoir.


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