LE WORLD OU THE MONDE ?
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L’article de Pierre Georges publié le 14 novembre sous le titre "éloge
de la carpette" me pousserait plutôt à penser que l’Académie de la
Carpette Anglaise a visé juste. Qu’il se soit senti contraint de
consulter le Petit Robert, afin d’être certain de bien connaître les
divers sens de ce mot, a même quelque chose d’amusant. Ce qui l’est
moins, c’est l’inconsience totale de Colombani et de son entourage, de
ceux qui l’approuvent. Nul ne doute qu’il soit nécessaire de mieux
connaître les états-Unis, mais pas en cultivant "les valeurs dans
lesquelles les Américains se sentent à l’aise" (David Rothkopfs : "In
Praise of Cultural Imperialism ?").
"Il y va de l’intérêt économique et politique des états-Unis de veiller
à ce que, si le monde adopte une langue commune, ce soit l’anglais."
écrivait ce même David Rothkopf. Il est loin le temps où les lecteurs du
quotidien "Le Monde", fondé en 1944 par un journaliste intègre et
scrupuleux , Hubert Beuve-Méry , à la place du quotidien Le Temps —
celui-ci ayant été trop lié avec les puissances de largent de la IIIe
République — avaient des raisons d’être fiers. Pourquoi montrer les
prostituées du doigts quand d’autres bipèdes à bec verseur vendent une
autre partie du corps pour laquelle il n’existe pas de bidets ?
Jean-Marie Colombani va tout à fait dans la direction voulue par ceux
qui mènent les états-Unis et pour qui toute carpette est bienvenue.
Messier, Colombani, les deux Jean-Marie… même combat ?
Henri Masson
Coauteur, avec René Centassi, ancien rédacteur en chef de l’AFP, de
"L’homme qui a défié Babel" (éd. L’Harmattan)
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(Le 16 novembre 2002)