BRASSEUR Philippe
LARBRE A BRUME
CHERCHEZ LE POETE
Il n’a pas de beau de l’air,
La rime, mais le Rhin beau.
Il n’a du grand pré vert,
Que du rab de lait amer.
Volé par Hugo à barbe grise,
Perdu dans ses chemises.
Mais qu’importe le vin de la fontaine,
Pourvu qu’il y ait des verres de laines.
Et que dune main mal armée,
On écrive ces quelques vers désarmé.
PREFACE
La brume passe dans lheure, roule, coule, nous enlace dans son temps !
Lheure ?
Est-il lheure de nos 4 heures denfant ?
Rappelle-toi dans cette brume, cette odeur de chocolat,
Ces belles tartines de confiture de fraises faites avec humour,
Du soleil jouant dans nos cheveux, nos rires beurrés !
Maintenant, il est lheure ?
Mais quelle heure est-il ?
Déjà, Morphée sonne, je ne lui ouvre pas, au monstre…
Prince des paradis artificiels,
Le sommeil embrumé en est un !
Dans les brumes du village, lheure sonne au vieux clocher de léglise….
Il est là, debout, regardant passer les messes et les mariés,
Admirant cette bande de faux-cul accompagnant lautre dans sa dernière maison !
Sil pouvait, notre clocher, il nous en raconterait…
Mais on la fait de pierre pour quil ne parle pas !
Seules, la nuit, les cloches murmurent dans la brume au vent
Si tu as loreille fine, tu peux les entendre parler avec la lune et les
étoiles.
Elles racontent leur splendeur de bronze, leur spleen.
Les pigeons restent là, car leur murmure est chant de cascade,
Les cloches les bercent au pays de Morphée !
Tiens ! Le revoilà, le prince des fumistes !
Finalement, si tu regardes lheure, tu te rends compte que tu tournes en
rond !
Alors ?
Jette ton réveil, ta montre, ta pendule, tue le temps qui te vole ton temps !
Fuis-le dans la brume de tes rêves !
Libère-toi, prisonnier du temps !
Puis, fais comme les cloches, la nuit, parle à la lune, parle aux étoiles
Retrouve ton coeur denfant au parfum chocolat.
Retrouve enfin tes rêves fraternels, suis-moi dans le paradis des mots et des
émotions…
Coeurs envahis de brume,
Il y a ces gens souriants qui fuient,
Se cachant dans la brume la nuit !
Il y a des vagues de brume,
Qui nous font venir lécume,
Lécume que l’on savoure,
Céréales crues de lamour….
QUELQUE PART
Quelque part un cri fait mal,
Cest labsinthe de lanimal,
Le fanal sinueux de la vie.
Sinus prenant la tangente,
Cest le couteau qui se plante,
Là dans le coeur de lépigastre.
Nova chutant sur le bitume,
Bave, écume verte damertume,
Elle court vers son lit.
Le goudron fond dans ses larmes,
Le feu meurt sans arme,
Il a rejoint… ses astres…
Renaissance, telle est l’illusion,
La vie commence, frisson,
Tu es né fleur de liseron
Tentacule ivre, passion !
Lune rousse de mon enfance,
Lune aux douces frimousses.
Teintée de lait et de soie blanche,
Silence des ecclésiastiques dimanches.
Lune rousse de souffrance,
Le temps dit sa soutenance,
Sonne sous son aura ta délivrance !
Lune rousse de notre enfance,
Lune aux douces frimousses.
Et les pensées singent le temps,
Le temps dun adieu au temps !
Lune rousse aux rires lointains,
Au pré coquelicot de nos matins,
Roule la vie au creux de tes mains.
Lune rousse de mon enfance,
Lune aux douces frimousses.
Et le temps sémousse,
De moins en moins on se trémousse.
Le temps dune lune en souffrance,
Le temps des longs silences,
Le temps qui ta volé sa révérence !
Lune rousse de mon enfance,
Le coeur parti ? ô ! Lune rousse…. !
A Denis Poirson
Un prénom sort de l’eau,
Une fleur chante l’oiseau,
L’amour devient un lac d’O,
Image mélangée, ô ! Idéaux !
ô ! Soleil des perles d’eau écloses,
ô ! Rose pourpre de tes ecchymoses,
Fleur d’une grandiose métamorphose;
Flamme couronnée de lauriers roses.
ô ! Château de tes yeux sentimentaux,
ô ! Pris aux pièges de leurs lourds étaux,
Je me languis de leurs doux coteaux,
Où le soleil vermeil a laissé ses oripeaux !
Partant sur des vents oubliés,
Tu rejoins tes guerriers secrets.
Ils sont à jamais condamnés.
C’est leur haine qui les a tués….
Passe fier cheval de l’Adour,
Traversant l’écume du jour,
Traversant le feu des chants,
Qui rendent l’infant méfiant.
Laisse la lave basque,
Ramper dans sa vasque,
Elle brûlera sous les cordes
Des guitares que l’on accorde.
Bêtes puissantes de rage,
Soufflant sur mille paysages,
Pelotes roulant de haine,
Brisant l’acier de leurs chaînes.
Puis, il y a ce lendemain,
Où le beurre croise le pain,
Où l’orange fraîche pressée
Croise le souffle de ton nez.
Tamisant les volets,
Le soleil perce-nez
Pince affreusement le jour !
Drapée de ta soie blanche,
Parure de tes hanches,
Tu entres en lui, amour !
Entre ciel et confiture,
La fraise hésite et se mure,
Pérou de tes dents voraces !
C’est une belle naissance,
Celle de l’éternelle enfance,
Luisant dans tes yeux tenaces.
Dans la douleur, il est né,
De ta vie, il est l’été,
Fruit des émotions,
Fleur des pardons….
FAUT PAS POUSSER
Il poussait, il poussait,
Le petit Poucet,
De peur d’être repoussé.
Il poussait en forêt
Au coeur des fougères retroussées,
Un pouce et…?.
Un Poucet petit poussait,
Un pouce dans sa bouche,
Autour et dans une couche.
Il poussait, poussait,
Le petit Poucet !
C’est comme ça qu’il est né !
Poussez, poussez, Madame Poucet…
Poussant, repoussant le temps,
La vie suit son cheminement,
Astre mourant sur le chemin,
étoile agonisante sur tes mains !
Trame de coeur silencieux,
ô ! Mât tadore anguleux,
Allongé sur tes traces,
Lange en transe passe.
Les anthropopithèques, la nuit,
Mangent les constellations du puits,
Galilée aux obscures lucarnes,
Piège ces colossales carnes !
ô ! Fusain de tes seins,
Lac gelé de tes mains,
Tissant des soleils roses,
Sur tes ecchymoses !
Pleure le ciel noir,
Dans lencre de lespoir,
Caressant ton haleine
Parfumée de chatte laine…
Les violons pleurent,
Ils se heurtent à leur sueur,
ô ! La vie passante,
Dans l’ombre d’une amante.
J aime ton regard joyaux de Casamance ;
E coutant les vents et les gens de France ;
A me de rebelle qui coule en toi Jouvence,
N ul ne sait la chaleur de ton coeur Provence.
N aissance dun jasmin conduisant à livresse,
I vresse des révoltes féministes sous Jaurès ;
N aissance idéologique, âme au coeur libéré ;
E ntends les astres rouges, la vie ta nommée !
Puis dans un sourire : L’espoir,
Te voilà peignant ta toile noire,
Citronnier ou tournesol,
La pluie ouvre la clef de sol !
PLUIE EPHEMERE
A toi, les gens aimants,
A vous, les forêts d’amants.
Il pleut, il pleut ma chère,
Larme rieuse éphémère.
Il pleut sur la bergère,
Il pleut des mots d’hier,
Déjà, il ne pleut plus,
Sur ton sourire ingénu.
Tu ris, tu ris chimère,
Car il n’y a plus de bergère.
Pain, érotique chandelier,
Enchâssant les pensées,
Robe de plomb que l’on cisaille,
Et tes hanches deviennent vitrail…
I gnorant la danse sous les chandelles,
S on regard profond na rien dartificiel,
A moureuse de la terre, son modèle,
B elle lui a volé son coeur de rebelle.
E lle a su lui prendre son ombrelle,
L a peignant de mille aquarelles,
L a brodant de mille dentelles,
E lle lui donna le nom dIsa la belle….
Envolée de chandelles,
Sous un soleil artificiel,
L’amour tient dans une valise :
Carton que l’on méprise ou idéalise.
Noircissant sa toile caféière,
Sous une porte cochère,
Lamour la vaincu,
De son regard posé nu.
Cadre de vie sans toile,
Flottant à plume, à poil,
A poil de citron givré,
Sans cuillère, on la dégusté…
Dans le silence, il a su !
Dans la brume, il est revenu !
Mais ce drôle d’étranger,
Bizarre, cet air qu’il avait !
CHUT ! SILENCE !…
Flux et reflux,
Un jour tu mourus.
Mais qui leut cru ?
Entre flux et reflux…
Dans les yeux du potage,
Revoir tes potes sages,
Soupe aux dix visages,
Quelle idée : Se marier à leur âge !
Aller retour, retour sans aller,
Vendre son présent au passé,
Cristaux de tes lèvres endiablées,
Yeux couverts de sensualité.
Fermant la porte avec regret sur hier
Il monte sur cette vieille baleinière,
Regard dimpuissance sur les flots,
Sur ses mains suppliantes dans leau…
Perle d’eau céleste fanée,
Sur la grève de ton sourire,
Tes yeux ouverts sont muets,
Ta bouche reste à le maudire.
Tes mains sont feuilles aux vents,
Ton corps part sur un nuage coloré,
Tu coules, souffle haletant,
Perle d’eau céleste fanée.
étoile de musc et de topaze
Souvenir lancinant qui rase
Tu revois, les joues rougies
Les danses folles de tes amis !
LA PIE DU DESERT
La pie enfante létoile dans lAtlas,
Union qui, dans les nuits lasses,
Danse entre poussière et sang,
La pie pleure le monstre géant,
Lenfant-roi bafoue les lois,
Peignant la vie de ses doigts….
Loin dans la brume de la ville ignorée,
Souvent, il ouvre la porte au passé.
Tombant sur lui comme une fiente,
Souvenir qui le laboure et le hante…
ROI LUMIERE
Chauffant la ville blanche,
Brillant sur les branches,
Lastre brûle lor du sable,
Laissant la terre misérable.
Le vin et leau sont désert,
Lovant le jour en chimère.
Dans une brume, tu regardes le silence…
Tu vois passer des chaînes de souffrance,
Pour retrouver ses tendres baisers,
Ses yeux, éclairs ivres de sensualité…
Une table au noir vaporeux,
Sous une nappe bleue,
Fuyait le temps.
Une poire au coeur juteux,
Dans une coupe bleue,
Fuyait tes dents.
Une étagère aux pieds ténébreux,
Des livres poussiéreux
Fuyaient tes grands yeux.
Silence de lenfilade
Au brûle-parfum nomade,
Traces de tes doigts soyeux.
Puis, les coussins perdus
Dans locéan du canapé déchu,
Cherchent la caresse de tes reins.
Tout ici respire ton absence…
Cest le salon de la sentence,
Où souffle la brise du matin.
Le soleil de printemps moqueur
Entre en vainqueur.
Oh ! Ciel teinté de tes yeux.
Fermant la porte sur hier,
Se tait le chêne clair.
Ses gonds restent silencieux….
Dans ses yeux tenaces
Dans ses mots voraces
Un mot né dans le coeur
Aphrodite ange rieur !
L or précieux de ton regard,
A ux astres donné sans fard,
U nique brillance, Oh ! Vendangeur !
R aisin aux curieuses saveurs,
E au du satin de tes yeux.
N oirceur qui sait rendre heureux.
C ep odorant, parfumant,
E au de vie…vin d’amant…
Florilège d’écueils, de questions,
L’amour et le vin d’une sensation.
Ivresse de celle qui nous rend
Aux yeux des autres, vivants !
Il est à cent lieues
Cent lieues du lieu
Ici de travailler.
Lieu silencieux
Des travailleux
Mais a-t-il existé ?
Puis, les mots montent.
Dans un regard de honte,
Il avoue son silence,
Triste impuissance !
Oh ! Iles des lointaines moissons,
Tu as su enfanter une douce maison ;
Parfum des terres perdues dans les cristaux ;
Tu sais être amie avec tous les animaux.
émeraude épousant les forêts ancestrales,
Tu as gardé ton coeur de vestale ;
Celui des hivers à refleurir,
Celui que lon veut conquérir.
Carolyne, cendre de lune aux luisants,
Tu sais couronner les rires des enfants ;
Lauriers de ton coeur damante brisée ;
Ils sont les flammes que ton corps a aimées.
Passent les vents dans tes nuits gelées,
Tu es île ensoleillée en mon coeur cachée ;
Trésor dAnubis, perle de lécharpe dIsis,
Se posant sur lamour et ses prémisses.
Entre rose et pain,
Entre sourire et raisin,
L’été brûle sa passion,
D’être, c’est sa raison.
été, luxure de tes cheveux dorés,
Sous la meule, le grain écrasé
Souffre de ne pouvoir taimer,
Condamné par toi à être mangé.
Sous tes dents farine de pain,
Tombe la poudre de tes mains,
Oh ! Subtil goût du levain,
Faisant de ton corps un pain.
Doré de tendresse à croquer,
Savoureux dans ta mie étoilée,
Saveur de ta pâte blanche,
Oh ! Magie de tes hanches…
Rêve de jardins babyloniens,
Tu regardes le jus du raisin.
Où est passé ton fougueux dard ?
Toi ? Qui rêvais de la pureté de l’art…
ANGE VINT !
De bémol en silence,
Le couple sans aisance,
Marche, marche, marche,
Lhomme mâche une vache.
La femme, yeux noircis,
Porte un souvenir de vie,
Pleure sur un ventre rond,
Souvenir duniforme con !
De bémol en silence,
Le couple sans aisance,
Tangue au bouillon nocturne,
Une porte souvre, pas de tune.
La femme cascade en feu,
Lui, pauvre, pauvre vieux,
La regarde haletant, vomissant,
Son vin mauvais, son vin temps.
De bémol en silence,
Il faut couper la souffrance,
Faire taire labsence,
Ordonner la sentence.
Oublie, prends la vie !
La femme aux yeux noircis,
Parle au vieux vineux, miteux,
Coupant en deux lange heureux.
Les notes montent crescendo
Se tournent les brumes dos à dos
Les pistolets crachent leur mort
Musique pourpre à l’aurore !
PLEUREZ OISEAUX
Pleurez oiseaux, l’amour est mort,
Pleurez violons, l’archet s’endort;
Son coeur est une fontaine en pluie,
Son âme frôle la noirceur de la nuit.
Tous tes espoirs par l’amertume sont figés,
Peints sur les voiles dun temps oublié.
Ils flottent, tourbillonnant dans l’éther étoilé,
Comme des feuilles brunes au vent mauvais !
Pleurez oiseaux, l’amour est mort,
Pleurez pianos, la mélodie dort;
Son coeur est un volcan de pleurs,
Son âme est perdue dans sa froideur.
L’absinthe de l’absence crève l’abcès,
Venant mourir dans le silence gelé;
La neige tombe, recouvrant le noir,
Son âme sest perdue dans ce couloir.
Pleurez oiseaux, l’amour est mort,
Pleurez violons, son âme dort,
Pleurez pianos dans l’aurore,
Son coeur usé de pleurs est mort.
A Johanne Buissière
Mais la mort n’est-elle que le commencement (?)
La fin d’un temps, mais pas du temps !
Comme la fleur, on ne meurt jamais,
Tant que quelque part on est aimé !
BRASSEUR Philippe
ET LAMOUR A SONNET !
Voilà tout ce que je sais faire,
Mots plantés là, tristes calligraphies.
Image dun sourire que lon glorifie,
Dans un ciel teinté d’ordinaire.
Comme le chevreau tissant l’or,
Peint l’automne de tes cheveux.
Il teinte le chêne de mes aïeux,
Reflet rouge de l’amour encore!
Voilà tout ce que je sais dire,
Sur le satin neigeux de ta peau,
Caressante plume d’oiseau !
Eaux vives de ta voix,
Voilà ce que je sais te dire,
Quand tu maimes à mourir !
Cannelle drapée et scintillante,
Sur la soie de ta peau odorante,
Doux bleu océanique enrobant
Les grands silences du temps.
Du temps de ton absence,
Errant dans l’ignorance,
Imaginant les reflets roux,
De tes cheveux si fous…
Baiser volé dans une gare,
Qui a réuni nos regards,
Nos vies, nos destins !
Voir des mêmes yeux,
Les cieux étiolés de bleu,
Naissance de notre matin !
Ange flottant sur la nuit,
Pour moi, creuse un puits.
Que je boive à ta source,
Pureté décume rousse.
Laisse-moi boire ton cou,
Roulant à tes ronds genoux,
Abeille de ma bouche orangée,
Posée sur ta fleur de citronnier.
Giroflée parfumée de ta soie,
Douceur d’une étoffe de roi,
étang blanc où j’aime glisser.
Et tant passe, vague de passion,
Passion flamand rose des émotions,
Que j’aime avec toi menvoler !
Blés miaulants à l’été,
étrange regard de forêt,
ô ! Péninsules obscures,
Silence ténébreux des murs.
Je trouve le repos en ton foyer,
A l’ombre de ton feu passionné,
Frêne centenaire se consumant,
Sous l’azur serein de ton océan.
Blés chantants à l’étrangeté,
Coquelicots, tes lèvres colorées,
Que jaime doucement sucer !
Que j’aime te croquer le matin,
Déjeuner aux tendres câlins,
Vanille de brume colorée.
SON CORPS
Sur son corps luisait
Le sel des nuits oubliées,
Blancheur tachée d’argile,
Verre au cristal fragile.
Papillon velouté, rouge flottant,
D’une aile humide de diamant,
Caresse les monts de toutes choses,
Folle envolée de ces flamands roses.
Agate bleutée de ton regard,
Poussière d’ivoire, de safran,
Jattends… Bercé là par le vent.
Couché sur la plage de nulle part,
Comme un enfant, je bois ton lait,
Suc de blanche fleur de cerisier.
JAI FAIM
J’ai faim des cailloux de ta voix,
J’ai soif du sel doux de ton émoi,
Je souffre l’enfer sans tes mains,
Je souffle ton sourire au matin.
J’ai faim des perles de tes phrases,
J’ai soif de tes mots ivres dextases,
Je souffre des aurores du silence,
Je souffle sur ton absence.
Dans le matin, rayon d’angelot,
Ton corps teinté de lait
Passe dans l’atmosphère, léger.
Croupe ondulante dun ruisseau,
Tu traverses l’aura de lumière,
Qui te guide vers ta vie austère.
Feuilles dansant au vent automnal,
Ivresse molle d’un tourbillon convivial,
Naissance en ton coeur d’une galaxie,
Annonce des prémisses de la vie !
Tour à tour fleur et fruit de fraisier,
Toujours avec douceur, te déguster,
Toi au parfum caressant et épicé,
Rose pourpre au calice effeuillé.
Mains chantantes, chavirantes,
Chaque caresse est brise ensoleillée,
Chaque doigt plume légère esseulée.
Visage satiné qui nous hante,
Pinçant tes lèvres, chaudes vagues,
Qui nous bercent et en nous divaguent.
Te revoilà liquide damour,
Perdue dans la foule du jour,
Je rêve de ce regard bleu,
De ce nez tendre et malicieux.
Laisse-moi embraser,
Ces lèvres vanillées,
Ces mains fines, sans moeurs,
Ce corps crypte de douceur.
Goutte deau sur un vitrail,
Ton sourire glisse dans la rue,
Vers tous ces univers incongrus.
Reviens, jai la faim qui me tenaille,
Le loup est en moi et me dévore,
Reviens tendresse des aurores !
Blancheur sucrée de porcelaine;
étoiles teintant la nuit d’ébène;
Cascade odorante de satin doré;
Forêt rousse, le monde ta émerveillée !
Papillons rouges batifolant aux fleurs des mots;
Craquants, au sang de cerises bigarreaux;
Fleurs d’été, aux pétales emplis de multiples valeurs;
De Paganini aux rose-croix, océans perdus en ton coeur !
Boutons éclos de velours, méandres aux courbes rosées;
Ivresse de Diane, comme un vin vieilli dans ses chais;
On boit au délice de ton calice, suprême velouté, la nuit.
Parfum transportant sur les lunes immenses de Morphée;
Tout ici est trésor, douceur, volupté, majesté.
Tout ici est silence dor, beauté tombant en pluie.
LA NUIT
La nuit nous enveloppe de son linceul,
Doucement ton visage sépanouit de glaïeuls.
Soufflant lamour sous lastre de velours,
Oh ! étrange labour de ton chant qui court.
Tes mains se perdent sur des épis salés,
Tes lèvres souvrent sur lô, Oh ! Fureur étoilée.
Perle démeraude aux songeurs colibris fugitifs,
Tu tenvoles aux portes du macrocosme passif.
Le ciel et la terre se sont aimés pour la forêt,
Le soleil et la pluie se sont aimés pour le blé,
La mer et le sable se sont aimés pour le corail.
Par le feu de lacier et du titane,
Enrichissons nos âmes de cette manne,
Donnant à notre amour laspect de lémail.
Amour dun coeur dangelot au calice.
Or profond de tes yeux bleu supplice !
Perdu sur limmonde lainage neigeux,
Le ciel sournois sans toi est douloureux.
Jentends ici les trompettes mystiques,
Appel de ton corps aux nuits magiques.
Et le Christ-roi sur un nuage brûle ses doigts,
Dêtre planté là sans pouvoir tenlacer, toi !
Dans les effluves sahariennes de tes lèvres,
Mes mains deviennent trésor dorfèvre,
Souffrant sous chaque frôlement dibis.
Appel du loup à la lune, de la clarté à lobscurité,
Appel idéologique de deux entités angoissées,
Voulant renaître dans les mêmes prémisses.
De lémotion naquit lenvol du bourdon,
Brume de notre phosphore en fermentation.
Dans l’essaim, lenfant chante dune voix cristallisée,
Miel gluant de plaisir fige limage tant glorifiée.
Dans les giroflées exhalées, les magnolias odorants,
Retrouver ton image, ce corps sage coquin si blanc…
Lavandière aux lilas parfumant, frôlant comme le vent,
Rougeoiement doeillets joviaux, timidité denfant.
Aux bleuets du ciel, te coucher dans lherbe du soir,
Comme se couche le soleil devant lastre divoire,
Chute dorchidées électrisant les fibres de mes essaims.
Comme ces tulipes noires, tu me figes dans ta parure,
Parfum insensé de freesias aux subtils bruissements.
Je taime, reine abeille plantée au creux de mes reins.
PASSE LHIVER
Dans ces rues froides, satinées, blanches de lys,
Sourire passant comme une voile que l’on hisse,
Vois ces bambins armés de moufles et bonnets,
Sortir de l’école, criards et heureux : « Enfin il a neigé ! »
Yeux souriant aux plaisirs de la glisse,
Oh ! Neige, joie des enfants pleins de malice,
De-ci, de-là, volent de folles boules blanches,
Enfants surpris par cette drôle d’avalanche.
Passent des pleurs aux rires du printemps,
Déjà dans le ciel un beau cerf-volant,
La neige est devenue gadoue et eau.
Passent des rires aux sourires de l’été,
Voici enfin la saint Jean, on va s’aimer,
Toi ! Rêve velouté aux yeux fleurs d’eau.
FORET ROUSSE
Forêt rousse où luisent les monts de verdure,
Iceberg, son sourire fend le gris de lazur,
Dans sa bouche sétire sa vie qui la mine,
Longs roseaux caressant ses épaules fines.
écoutant le vent sur la vitre en liesse,
Ses mains rougies par les tâches caressent,
Caressent cette auréole cernant son visage,
Le temps dun regard perdu sur le paysage…
Passe le bruit des rails sur les boggies,
Sa route sest perdue sur ce quai,
Disparaissant, happée par lescalier !
Passent les trains dans la nuit,
Passagers dune heure de hasard,
Tout ségare dans les gares…
A COMME…
Elle est loin la fougue des chevaux,
Perdue lécume de rage des naseaux,
Pendue aux cous détranges rivaux,
Elle senvole lyre de cent oiseaux.
Brisant leurs serres dans leurs caveaux,
Dernier adieu aux sublimes végétaux,
Flottants ô ! Voiles de lin et de pavot,
Ecriteaux gisant là, dans les hôpitaux.
Ils sont là, montrant le temps, incognitos !
Criant, hurlant, dans les silences moraux.
Montrant du doigt détranges angelots.
Ils sont là, gisants au dernier vaisseau,
Sétirant sous lastre dor chaud,
Pensant au sang qui coule à nouveau.
LA CREVASSE
Dans le fond d’une crevasse, un ruisselet murmure ;
Emportant les derniers flocons bleus impassiblement.
Cristaux qu’il transforme avec le soleil en diamants ;
L’astre ici entre en vainqueur sur le bleu des murs.
Couchée sur le côté, une femme sourit aux cieux,
Sa tête rousse perdue dans la neige pure, elle attend,
Gisant là, au milieu de mille saphirs scintillants,
Le soleil ne fait pas cligner ses grands yeux bleus.
Les pieds dans le ruisselet, elle dort souriante,
épanouie et comblée comme une amante.
Hiver ! Enveloppe la tendrement de ta laine.
Elle dort sur la glace, les mains nues dans la neige,
Le soleil ne réchauffe pas son corps de perce-neige.
Un mince filet rouge coule de ses lèvres sereines.
Note de l’auteur : j’ai écrit ce poème après de longs mois de réflexion, à la
demande expresse d’une amie, amoureuse de la montagne, au point que son voeu le
plus cher serait de terminer sa vie au fond ……
CHERCHEZ LE POETE
PREFACE
QUELQUE PART
LUNE
KARINE
BASQUE
MATIN
FAUT PAS POUSSER
TRAME
JEANNINE
PLUIE EPHEMERE
ISABELLE
CADRE
CHUT ! SILENCE !
DESOLATION
LA PIE DU DESERT
ROI LUMIERE
SILENCE
LAURENCE
LIEU
CAROLYNE
PAIN
ANGE VINT !
PLEUREZ OISEAUX
CALLIGRAPHIE
CANNELLE
ANGE
BLES
SON CORPS
JAI FAIM
FEUILLES
LIQUIDE
CASCADE
LA NUIT
ANGELOT
BOURDON
PASSE LHIVER
FORET ROUSSE
A COMME
LA CREVASSE