LA DIMENSION ROUMAINE DE
LA FRANCOPHONIE
Depuis 1993, la Roumanie
est « membre de plein droit » de la Francophonie, une vaste communauté
mondiale incluant aujourdhui plus de 500 millions dhabitants dans 54 états.
Ce statut lui a été octroyé uniquement pour TOUT ce que les Roumains ont bien
voulu, su et pu faire – depuis à peu près trois siècles ! – pour le
développement de lapprentissage et de lusage du français.
Cest ainsi que la Roumanie est devenue un « pays où le français est langue
denseignement privilégiée »,
à coté dautres pays de lEurope Centrale et Orientale (Moldavie, Albanie,
Bulgarie, Macédoine et Pologne)…Selon une évaluation faite par les services de
lAmbassade de France à Bucarest, « la Roumanie est le plus francophone de
tous les pays parmi ceux dont le français nest pas la langue officielle »
et « plus dun Roumain sur quatre parle la langue de Molière et plus dun
sur deux la comprend ». En plus, il faut savoir que pour les Roumains, le
français est — très simplement et sincèrement – une « langue de coeur » car,
dans ce pays, personne na jamais été obligé de lapprendre !
Les francophones roumains – qui sont eux aussi, en grande majorité, des
francophiles convaincus — ont toujours été très fiers de leur appartenance à
la Francophonie mondiale. Mais ils attendent toujours que lon dépasse le
stade des déclarations occasionnées par la Semaine de la Francophonie et que
lon passe aux actes favorisant lextension
de lusage du français en Roumanie. Entre autres,
ils savent bien quau niveau de lUnion Européenne, le français est la
deuxième langue maternelle ou seconde la plus parlée, avec ses 71 millions
de locuteurs (derrière lallemand, 90 millions et avant langlais, 61 millions).
1. Lenseignement du français est en perte de vitesse en
Roumanie : depuis lannée scolaire 1993/94 (coïncidant, hélas, avec
ladmission de la Roumanie au sein de la Francophonie !) le nombre
délèves roumains étudiant le français – dans lenseignement
secondaire – a diminué de plus de 25% et le nombre de
professeurs roumains de français (dans lenseignement secondaire) a diminué de
plus de 10%. Même si – aujourdhui, comme toujours en Roumanie –
lenseignement du français est encore prédominant, ces chiffres
nous permettent de préfigurer quà terme, le français risque de se faire
supplanter par langlais (la deuxième langue dintérêt pour les jeunes
Roumains).
-
Pour attirer les jeunes Roumains vers létude
du français, il serait nécessaire (vues les
difficultés orthographiques spécifiques) de… bien garnir les médiathèques
écolières de français en ordinateurs et autre matériel informatique
adaptés à la langue française, selon lexemple des médiathèques
danglais et dallemand (évidemment bien mieux soutenues de létranger !)…Cest
à peine en suite que les Roumains se lançant dans lapprentissage du
français auront le sentiment quil y a un intérêt réel à parler la langue
française ! En suite il serait nécessaire denvoyer davantage de
Roumains francophones se former en France et dans dautres pays francophones,
grâce aux programmes de bourses… De retour en Roumanie, ils deviendront les
plus qualifiés « ambassadeurs sans titre » de ces pays !
-
Pour renouveler le corps professoral roumain
de français (ainsi que, parfois, ses méthodes et outils pédagogiques), il
y a aussi des modèles à suivre en Allemagne, en Grande Bretagne, aux Etats
Unis, etc….Beaucoup de nos professeurs de français nont jamais vécu quelques
temps dans un pays francophone afin de pouvoir améliorer leur maîtrise du
français…Former et recycler les professeurs roumains de français aurait du
être, depuis au moins une décennie, une priorité nationale…
2. Le « seul quotidien en français du Caire à Zürich » – le
journal roumain BUCAREST MATIN – « se meurt dans lindifférence de ses amis »
. < Créé en 1995 et tirant toujours à 5000-6000 exemplaires, le
journal survit aujourdhui sans moyens, grâce à la synergie –
impression, distribution, abonnement – développée par …deux autres
publications « NINE OC LOCK », en anglais et « SETTE GIORNI », en italien.(…)
« BUCAREST-MATIN » se meurt…comme le français en Roumanie. A petit feu.
Mais il faudrait très peu de choses pour le sauver. Un peu de publicité
(..),lenvoi dun jeune coopérant-journaliste charge du bon usage du français,
et laide régulière de quelques professionnels amis de la Roumanie. A ce
faible prix, la francophonie aurait toujours son irremplaçable vitrine dans un
pays où elle compte tant, et la défense de son influence ne se limiterait
pas à des mots…quon nimprimera peut-être même bientôt plus à Bucarest
> (Henri Gillet – Les Nouvelles de Roumanie, No. 10, Mars-Avril 2002)
3. La plus ancienne et importante organisation non-gouvernementale de Roumanie
agissant pour promouvoir statutairement la Francophonie en Roumanie – LA LIGUE
DE COOPERATION CULTURELLE ET SCIENTIFIQUE ROUMANIE- FRANCE, fondée en 1990, à
Bucarest – na presque plus de « combattants » bénévoles, soit-ils
francophones-étrangers ou francophones-roumains. « Se battre » pour la
francophonie en Roumanie, en absence de nos amis francophones et de…ressources
financières, ne peut plus se faire grâce à lenthousiasme et aux cotisations
de très peu nombreux adhérents. Cette organisation se meurt, elle aussi,
dans lindifférence quasi-générale, de ceux et celles qui défendent la
francophonie a travers le monde.
Dailleurs, les ONG roumains
travaillant pour développer la coopération culturelle et scientifique et
lamitié franco-roumaine ne sont même pas mentionnées dans le
Programme de coopération culturelle, scientifique, technique et
institutionnelle entre le Gouvernement de la République française et le
Gouvernement de la Roumanie, pour les années 2001-2004 !)
4. Le nombre réel des personnes parlant le français en Roumanie na jamais été
établi avec une précision acceptable.
5. La promotion du français en Roumanie grâce au réseau culturel français en
Roumanie (lInstitut Français de Bucarest, les
3 Centres Culturels Français de Timisoara, Cluj et Iasi et les 5 Alliance
Françaises de Brasov, Constanta, Craiova, Ploiesti et Pitesti) EST
LARGEMENT INSUFFISANTE car concernant uniquement les grandes agglomérations et
laissant de côté les habitants des autres ville et surtout ceux des villages.
Le réseau culturel français en Roumanie aurait du donc avoir
intérêt à travailler en réseau et à coopérer avec les pauvres, mais très
dynamiques ONG roumaines se proposant statutairement de promouvoir la langue, la
culture et la science françaises en Roumanie…
6. La coopération des Roumains francophones avec les autres francophones,
surtout du Nord et des pays africaines francophones est presque nulle,
même sil y a en Roumanie pas mal de compétences, dexpérience et de
bonne-volonté. Par exemple, les hauts responsables de lAgence
Universitaire de la Francophonie ont recommandé aux universitaires et
scientifiques roumains, hélas!, détablir de pareilles relations uniquement
avec les pays francophones de lEurope Centrale et Orientale !!…
Il
semblerait donc pertinent de former ENSEMBLE un VRAI et EFFICACE réseau de
coopération linguistique, culturelle et scientifique impliquant
simultanément les francophones riches et pauvres qui sont COMPETENTS et ANIMéS
PAR LAMOUR POUR LA LANGUE FRANCAISE !!
Pr. Nicolae
DRAGULANESCU
LIGUE DE COOPERATION
CULTURELLE ET SCIENTIFIQUE ROUMANIE- France, Bucarest
(Le 6 juin 2002)