ENSEIGNEMENT DU FRANçAIS
« J’aimerais pouvoir venir mener une expérience pédagogique au Québec. »
Au cours d’une recherche sur Internet, je viens de découvrir votre site,
qui m’a profondément émue.
Française vivant en France, professeur de français, j’ai "fait
connaissance" avec le Québec voilà quelques mois au travers d’un groupe
de discussion en ligne. J’ai été bouleversée par l’attachement que les
Québécois montraient à l’égard de notre langue, par leur volonté de la
maintenir en dépit des difficultés. Un amour bien supérieur à ce que
nous vivons de l’autre côté de l’océan, alors que nous avons la chance
de pouvoir en profiter sans limites : comme la différence entre l’enfant
gavé et celui qui doit attendre, peut-être. Et cet attachement affectait
toutes les catégories socioculturelles.
Je me suis fait des ami(e)s au Québec : l’un d’entre eux, poète (de
réels talent et professionnalisme) de Hull, est en ce moment chez moi.
Je fais travailler ses textes poétiques par mes élèves et il est
intervenu la semaine dernière dans mes classes, moment grandiose et
unique dans la région bordelaise. Je dialogue très souvent avec des
parents qui me racontent le vécu de leurs enfants, leurs propres
attentes. Parfois, je suis affolée en voyant à quel point mes
correspondants souffrent de leur méconnaissance au niveau de la langue,
avec une sorte d’impossibilité face à ce qu’ils vivent comme un complexe
ou un échec.
Et depuis ces quelques mois, je n’ai plus qu’une idée en tête :
j’aimerais pouvoir venir mener une expérience pédagogique au Québec, y
enseigner le français, même pour une année scolaire.
Professeur de Lettres certifiée dans le secondaire et dans l’Education
Nationale, j’ai mis au point à titre personnel, au fil des années, un
ensemble de méthodes de remédiation pour les élèves en difficulté, des
méthodes d’apprentissage de la langue et de découverte de la littérature
francophone qui ne soient pas des contraintes mais soient en mesure de
donner aux enfants et adolescents le goût de lire et d’écrire. Pendant
longtemps, j’ai conduit, à titre bénévole, des ateliers d’écriture pour
adultes et jeunes de tout niveau socioculturel, et réunissais lors des
sessions des intellectuels aussi bien que des stagiaires quasiment
analphabètes. Ma passion pour le français me poursuit depuis que j’ai
appris à lire, comme une grande histoire d’amour… Par ailleurs, je
traduis, depuis une dizaine d’années, des ouvrages américains, espérant
donner dans mes traductions une qualité linguistique inhabituelle dans
la spécialité que j’ai choisie. Mais je parle anglais avec l’accent du
Sud-Ouest !
Et je m’adresse à vous parce que j’ai passé des heures de vaine
recherche pour savoir :
– S’il me serait possible de venir au Québec pour y travailler dans
l’enseignement du français.
– Où m’adresser dans cette optique – les associations France-Québec de
mon pays ne sont pas en mesure de me renseigner.
– Quelles sont les conditions requises, le cas échéant.
Peut-être seriez-vous en mesure de me renseigner ou de me faire
connaître des adresses utiles ou des personnes susceptibles de me
conseiller.
Dans tous les cas, je vous remercie de bien vouloir me répondre. Mais
merci également d’être tellement attachés à notre culture commune : je
vis parfois comme une trahison et une source de honte et de blessure
l’ignorance, l’indiférence ou l’abandon que nous manifestons à l’égard
des francophones de l’extérieur.
Marie-Odile Capdeville
marie-odile.capdeville@libertysurf.fr
(Le 18 mai 2002)