COMMENT LE MONDE FINANCE-T-IL UN TEL COMPLéMENT ?
Une entreprise philanthropique !
Monsieur Colombani,
Permettez-moi de commenter brièvement les deux sujets cités ci-dessus :
Sil fallait encore prouver que lEurope nexiste pas, que tous les yeux de
la planète doivent converger exclusivement vers les Etats-Unis dAmérique en
v.o., vous lavez fait. Radicalement. Je vous en félicite.
Je regrette que ne preniez que maintenant linitiative du complément en
anglais et non voici deux ans.
Cela aurait en effet permis à Monsieur Bernard Cassen dans son excellent
article La Langue-dollar, paru dans le LAmérique dans les
têtes.LeMonde diplomatique. Manière de voir 9/2000 de trouver ses exemples
et arguments dans la presse française au lieu de devoir les chercher
laborieusement au Brésil où le journal O Globo prit dès 1999 une
initiative semblable à la vôtre, publiant par « patriotic duty » (devoir
patriotique) articles et tribunes en anglais afin que « the people at IMF can
know what is going on here without having to wait for reports and resumes. »
(les gens du FMI sachent ce qui se passe sans avoir à attendre des compte rendus
et des résumés) Cela évitait en outre le recours au « troublesome
Portuguese. »(ennuyeux portugais) (O Globo, Rio de Janeiro du 22-02-99)
Daprès vos déclarations, seules des personnes « qui ont peur de leur ombre »
seraient opposées à votre initiative.
Visiblement, jignorais jusquà présent mes propres peurs.
Je vous avoue par contre ma faiblesse davoir peu de respect pour une
réflexion incapable de comprendre la nécessaire défense de la Francophonie et de
la diversité linguistique, pour laquelle il faut, comme la dit très récemment
M. Boutros Boutros-Ghali, « dépasser le snobisme rampant et admettre que
[sexprimer] en français, lorsquon est une grande entreprise…, nest pas un
acte ringard, mais un acte politique, je dirais même géopolitique, un acte de
civisme linguistique qui engage lavenir dune communauté toute entière….. Ce
sont là des messages quil … faut inlassablement relayer auprès des opinions
publiques, auprès des Etats, auprès des institutions internationales. »
Vous faites très exactement le contraire !
Excusez enfin ma curiosité toute journalistique qui mamène à vous poser la
question suivante :. Comment Le Monde finance-t-il un tel complément ? Le
New York Times aiderait-il, devenant en loccurrence une entreprise
philanthropique ? (cf. Le Monde diplomatique cité ci-dessus)
Vous priant de croire, Monsieur Colombani, à lexpression de mes sentiments
distingués.
Ludger Staubach
10, rue Alfred de Vigny
44240 La Chapelle/Erdre
(Le 9 avril 2002)