QUAND LES MOTS MANQUENT
Les effets de l’appauvrissement de la langue sur la pensée.
Article des Stuttgarter Nachrichten du 11.VI.2001
> D’ARND D’ARND BÄUCKER
> http://www.stuttgarter-nachrichten.de/dc1/html/news-stn/20010611nach0002.shtml
>
> (Résumé rapide sans prétention professionnelle)
>
> Devant le spectacle d’un alcyon d’un bleu vif volant le long des berges ou
> d’une rare orchidée trouvée dans l’herbe sèche, les écologistes ne sont
pas
> les seuls à s’émouvoir. Tous s’accordent à vouloir protéger de tels
trésors
> devenus rares.
> […]
>
> Mais quand les mots disparaissent ou flétrissent, la chose se passe le
plus
> souvent sans qu’on s’en aperçoive. Il est devenu aujourd’hui nécessaire
de
> traduire certaines expressions allemandes pour nos jeunes contemporains. La
> langue est vivante ; la mort de certains mots et la naissance d’autres
> constituent donc un processus normal. Actuellement, la « globalisation »,
> l’informatisation et la culture pop nous apportent de nombreux mots anglais
> ou expressions anglaises. Tous largement repris dans le parler quotidien.
> Cette évolution est inévitable et on ne peut revenir à la situation
> antérieure. Cependant, on souhaite que d’aucuns qui voient dans l’anglais
le
> comble de la mode se rendent compte qu’il existe toujours de nombreuses
> personnes en Allemagne qui ne comprennent pas ou maîtrisent mal cette
langue
> et qu’il existe encore beaucoup d’expressions allemandes qui, dans des
> certains domaines, font mieux l’affaire.
>
> Ce n’est pas tant l’évolution de la langue qui doit nous pousser à la
> réflexion, mais plutôt son appauvrissement. Il n’existe aucunes
statistiques
> allemandes sur le sujet, bien qu’il existe des indications que notre
> vocabulaire actif ait diminué. Ainsi, on utilise moins souvent qu’il y a
30
> ans des mots simples et résonnants comme « agile », « courageux » ou
«
> avides ». Il est bon de se souvenir de l’avertissement de certains
> pédagogues qui déclarent que les élèves d’aujourd’hui devraient d’abord
> apprendre à connaître la richesse de leur langue et à la maîtriser
avant
> qu’on leur enseigne hystériquement et de plus en plus tôt un cours
d’anglais
> obligatoire.
>
> Il nous manque en Allemagne un outil qui existe aux é-U. La revue
> "Conservation Biology" publiait une article selon lequel le
vocabulaire
> actif moyen des jeunes de 14 ans étaient passé, entre 1950 et 1999, de
> 25.000 à 10.000 mots.
>
> (…)
>
> Le philosophe Hegel appelait la langue le « corps de la pensée ». Quel
> impact l’appauvrissement de la langue a-t-il sur la pensée ? La richesse
du
> vocabulaire signifie une plus grande possibilité d’expression et donc de
> créativité, d’invention, de rêves et d’originalité. C’est toute cette
> richesse que la société hypothèque, quand elle vient à accepter
l’érosion de
> son vocabulaire à grande échelle. L’alcyon et l’orchidée ne sont pas les
> seuls à mériter nos soins et notre attention.
Patrick Andries
pandries@iti.qc.ca
(Le 13 juin 2001)