PAPILLON DÉCHU

À
LA MÉMOIRE DE GEORGE DOR
PAPILLON DANS LA VIE
PAPILLON DANS LA MORT

Le
papillon déchu

Je
suis la vermine du français
Celle qu’on piétine celle qui se hait
J’étais jadis papillon voletant sur fières mesures
De telluriques rigodons d’aériens violons d’azur

Aujourd’hui tous les jours dans la prison de Londres
Je vois crucifier le lys et sa gerbe blanche fondre
Une langue étrange pousse peu à peu dans ma bouche
Et tombe comme la mort à l’orée française de ma souche
Les chasseurs de tombes qui volent et violent ma couche
Viennent y jeter mon âme en pâture à l
a
langue des mouches

Si rien n’est fait
Par un double respect
Demain dans de tristes livres d’images
Se verra par l’odieux deux visages
Celui de la mouche puissante
Celui de la vermine obéissante

Une
tragédie trafiquée pour deux hontes
Version truquée, élaborée sur un seul conte :
Un peuple se suicide de façon officielle
En tentant de nous couper les deux ailes

Une
main incontestée, ensanglantée, gantée de blanc
Y griffonnera une légende crevant les yeux vrais de ses enfants :
Notre blanc chevalier stoppa le noir dragon de la distinction
Avant qu’il ne déchire le vierge et l’unique tissu de notre nation


Le papillon retrouvé

Je suis l’hermine du
français
Celle qu’on câline celle qui nous plaît
Je suis désormais papillon voletant sur fières mesures
De telluriques rigodons d’aériens violons d’azur

Aujourd’hui dans le coeur de mon voisin de Londres
Je vois respecté le lys et sa haine noire fondre
Une langue mienne pousse peu à peu dans sa bouche
Et jaillit comme de l’or à l’orée française de ma souche
Les chercheurs d’or honorent ma singulière floraison
Et, aussi libres que moi, redeviennent papillons

Robert
Choquette


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