DENISE BOMBARDIER
« Pour la défense de la langue française, je
dois me battre en tout premier lieu contre les Français »
Bouillon de culture
. C’était- nous avait-on prévenu- la dernière
avant fermeture définitive. Malgré l’entregent de Bernard Pivot et le talent de
Jean D’Ormesson, on se serait presque ennuyé sans la causticité de Denise
Bombardier. à l’issue d’un plaidoyer très vibrant, la Québécoise a déclaré : «
pour la défense de la langue française, je dois me battre en tout premier lieu
contre les Français » . Attention, Bombardier dit ce qu’elle fait et fait ce
qu’elle dit.
Je l’ai entendue proclamer sa profession de foi
au colloque international en mai 1987 à Paris sous le titre de « médias,
pouvoirs et démocratie» . Elle disait alors: « je ne sais pas si je suis
puissante ou si j’ai du pouvoir mais je sais que, comme journaliste j’ai les
moyens, non seulement de défaire les réputations mais aussi d’attaquer ou de
nuire…» Et d’ajouter « j’aimerais avoir le pouvoir de l’arrogance de la
presse américaine parce que je n’ai ni les moyens économiques, ni les moyens
politiques, de jouer le rôle qu’elle peut jouer » . Ce rôle, c’est la défense
de la langue française.
Dans son livre, Denise Bombardier ne cache pas
sa désillusion à propos de ses amis français, « qui se prennent pour le nombril
du monde et qui oscillent entre l’arrogance et l’autoflagellation » . Pour
elle donc, l’enfer, c’est les autres! Elle l’a -encore- dit devant l’aréopage réuni par Pivot. On l’a écoutée poliment et le silence a accueilli,
hélas, la fin de sa diatribe. Et pourtant ! Et pourtant, Madame Denise
Bombardier , écrivain et journaliste, vedette de la télévision du Québec s’est
mise en première ligne pour la défense du français. C’est elle qu’il nous faut
car elle a la foi et une grande probité intellectuelle. Alors, qu’attendons-nous ?
Pierre G. Théus
Chevalier de l’Ordre national du Mérite (France)
Suisse
(Ce texte a déjà été publié dans LE NORD
VAUDOIS)
(Le 12 décembre 2001)