De Bernard Landry à …Robert Bourassa
Nestor Turcotte
Matane
Le Parti québécois, selon le Patriote de Verchères Bernard
Landry, nest donc plus un parti séparatiste. Il est «confédératif». Il
veut «sortir» le Québec de la fédération canadienne pour bâtir une
nouvelle confédération, qui est, comme le dit le dictionnaire, lunion de
plusieurs états qui sassocient tout en conservant leur souveraineté. Le
Parti québécois couche donc dans le même lit que Mario Dumont, mais nen a
pas encore averti tous ses membres. Il adopte le programme de lADQ mais vit
toujours sous son ancienne bannière.
Bernard Landry cite souvent lunion européenne comme
nouveau modèle politique à proposer aux Québécois. Ce quil oublie de leur
dire, cest que lunion confédérative européenne sest réalisée à
partir dun certain nombre de pays déjà souverains qui ont décidé de
mettre en commun un certain nombre de choses, comme la monnaie, larmée, labsence
de douanes, etc. Le Québec, nétant pas un état souverain, ne peut exiger
du reste du Canada quil négocie avec lui ce pacte confédératif. Pour quil
puisse le faire, il faudrait quil soit dabord un pays souverain.
Autrement dit, pour quune telle entente confédérative
soit possible, il faudrait dabord que les Québécois aient voté leur
souveraineté et quensuite, dégal à égal, ils décident de mettre une
certain nombre de choses en commun avec le Canada. Donc, sil doit y avoir un
autre référendum sur lavenir politique du Québec, il devra porter
exclusivement sur la souveraineté politique du Québec. Toute autre question
sera jugée par ladversaire comme étant irrecevable.
Le Québec ne pourrait pas, suite à un référendum positif
sur un nouveau pacte confédératif, aller vers le Canada anglais pour exiger quil
négocie avec lui, sans du même coup, et en même temps, exiger que la même
question lui soit posée, pour savoir si ça lintéresse. Le Canada anglais a
déjà refusé les accords du Lac Meech; je ne vois pas comment, dans un avenir
rapproché, il accepterait quelque chose qui exigerait de sa part, un
bouleversement politique encore plus grand.
La voie de Bernard Landry est sans issue. Elle nest, dans
les faits, quune nouvelle forme de la proposition référendaire de 1980,
enrubannée dun peu plus de bleue, et qui nous a mené où lon sait. René
Lévesque nous avait demandé un mandat pour négocier un nouveau pacte
confédératif. Les Québécois ont dit non. Si jamais les Québécois, une
prochaine fois, disaient OUI à une telle démarche, on peut déjà présumer
que le Canada anglais dirait tout simplement NON. Et on se retrouvera à nouveau
à la case départ : les Québécois veulent-ils, OUI ou NON, se séparer
du reste du Canada actuel? Si la réponse est négative, ils resteront dans le
Canada tel quil est; si les Québécois optent pour laffirmative, ils
pourront suggérer au Canada anglais un pacte confédératif ou vivre avec sa
souveraineté totale.
Les deux opérations ne peuvent se faire en même temps. On
ne peut devenir dun seul coup un pays souverain et un état confédératif.
Le Québec doit dans un premier temps faire son indépendance et négocier, par
la suite, un nouveau pacte avec le reste du Canada, si celui-ci le désire. Ce
qui implique que le Canada anglais fasse lui aussi un opération référendaire,
pour savoir si la proposition québécoise lintéresse. Le Québec ne peut
pas devenir indépendant et négocier ou offrir, en même temps, un pacte
confédératif. Lopération doit se faire en en deux temps : le Québec
doit devenir un état souverain et ensuite, devenir possiblement un état
associé.
On le voit à lusage : René Lévesque nétait pas
loin de Robert Bourassa et Bernard Landry a déjà rejoint ce dernier dans son
discours de Verchères. Et quen penserait le patriote Louis-Joseph Papineau,
dont aime se réclamer Monsieur Landry, et qui avait tant combattu le projet dunion
du Haut et du Bas-Canada?
Nestor Turcotte
aristote@globetrotter.net
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