CHAMBRE DES COMMUNES
Les langues des ambassades étrangères et les Jeux de la Francophonie
Deux dossiers d’intérêt public analysés par Impératif français soulèvent des débats à la Chambre des communes :
- La langue des sites Internet des ambassades étrangères établies au Canada
- LE CANADA L’ADMET OFFICIELLEMENT… LE FRANÇAIS EST EN PÉRIL AU CANADA – Analyse de la situation réelle de la francophonie canadienne à l’occasion de la tenue du VIIIe Sommet de la Francophonie à Moncton et de la venue prochaine des IVes Jeux de la Francophonie à Ottawa
Les citations suivantes sont extraites du journal des débats de la Chambre des communes, Le Hansard. Dans le deuxième dossier, vous constaterez que certains députés sont prêts à tout déformer !
LES LANGUES OFFICIELLES
M. Yves Rocheleau (Trois-Rivières, BQ): Monsieur le Président, ma question s’adresse au ministre des Affaires étrangères.
Une visite des sites web des missions diplomatiques établies à Ottawa nous révèle que 75 p. 100 de ces sites n’ont aucun contenu français, alors que pour les autres 25 p. 100, le contenu français est inférieur au contenu anglais.
Le ministre est-il conscient que cette situation ne respecte pas la réalité des deux langues officielles du Canada?
L’hon. John Manley (ministre des Affaires étrangères, Lib.): Monsieur le Président, le député sait très bien qu’il n’y a pas longtemps, le site web avec la plus grande portion de contenu français au monde était le site Rescol. Il acceptera alors l’idée que je suis très conscient de l’importance de notre réalité bilingue. Nous allons essayer de nous assurer que les deux langues soient également représentées sur le site web.
M. Yves Rocheleau (Trois-Rivières, BQ): Monsieur le Président, je rappelle au ministre que la question porte sur les ambassades établies à Ottawa.
Dans cette veine, le ministre peut-il nous dire s’il entend intervenir auprès des ambassades pour leur suggérer l’utilisation des deux langues officielles du Canada, permettant ainsi aux Québécois et aux francophones du Canada de communiquer dans leur langue avec ces ambassades?
L’hon. John Manley (ministre des Affaires étrangères, Lib.): Absolument, monsieur le Président.
NDLR – Le ministre Manley s’engage à agir. à suivre ! Dans le cas suivant, des députés vont jusqu’à déformer les propos des autres pour ne pas avoir à agir !!!
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LES JEUX DE LA FRANCOPHONIE
Intervention du député Sauvageau le mardi 13 février 2001 :
M. Benoît Sauvageau (Repentigny, BQ): Monsieur le Président, en 2001, le Canada sera l’hôte des IVe Jeux de la Francophonie, qui se tiendront à Ottawa, ville et Capitale unilingue anglaise.
Voici quelques données utiles pour les pays qui viendront nous visiter et qui se feront dire que le «le plus meilleur pays du monde» est bilingue.
Tout d’abord, selon Statistique Canada, 91 p. 100 de la population de la ville d’Ottawa parlent uniquement anglais, pour 9,5 p. 100 de francophones.
Deuxièmement, le taux d’assimilation du français dans la Capitale unilingue anglaise du Canada est de près de 30 p. 100.
à la lumière de ces faits, il semble que l’expression qui reflétera le mieux le visage réel de la Capitale unilingue anglaise du Canada sera, de toute évidence, «Welcome to the Games of la Francophonie».
Réactions le mercredi 14 février 2001 :
M. Dominic LeBlanc (Beauséjour—Petitcodiac, Lib.): Monsieur le Président, quelle est la réaction du ministre responsable des IVe Jeux de la Francophonie d’Ottawa-Hull, face aux déclarations d’hier du Bloc québécois, selon lesquelles les Franco-Ontariens ne sont pas dignes d’accueillir les Jeux de la Francophonie l’été prochain?
L’hon. Don Boudria (Glengarry—Prescott—Russell, Lib.): Monsieur le Président, c’est avec grand regret que j’ai appris la déclaration d’un député du Bloc hier, qui prétendait que parce que nous vivions en milieu minoritaire à Ottawa, nous n’avions pas le droit, comme francophones dans ce pays, d’accueillir les Jeux de la Francophonie. Nous sommes des citoyens à part
entière, nonobstant ce que veut faire de nous le Bloc.
M. Benoît Sauvageau (Repentigny, BQ): Monsieur le Président, pendant la période des questions orales, il s’est passé quelque chose qui, à mon avis, est très grave.
Le député de Beauséjour—Petitcodiac, dans une question qu’il adressait au leader du gouvernement à la Chambre, le député de Glengarry—Prescott—Russell, a déformé sciemment les propos que j’avais tenus, hier, à la Chambre, propos que je pourrais vous relire en entier, si vous me le permettez, puisqu’il s’agissait d’une déclaration en vertu de l’article 31.
Par la suite, je vais exiger que ces propos, où on m’a fait dire que la région n’était pas digne de recevoir les Jeux de la Francophonie, soient retirés du hansard, et j’exige aussi des excuses des deux députés qui ont interprété des propos que je n’avais pas tenus.
15h05
Je cite la déclaration que j’ai faite hier en vertu de l’article 31 du Règlement:
En 2001, le Canada sera l’hôte des IVe Jeux de la Francophonie, qui se tiendront à Ottawa, ville et capitale unilingue anglaise.
Cela, c’est vrai. Ces Jeux se tiendront à Hull et à Ottawa, donc, à Ottawa, c’est vrai.
Tout d’abord, selon Statistique Canada, 91 p. 100 de la population de la ville d’Ottawa parlent uniquement anglais […]
C’est selon Statistique Canada. En outre, selon Statistique Canada, moins de 10 p. 100 de la population de la ville d’Ottawa parlent français.
Des voix: Oh, oh!
Le Président: à l’ordre, s’il vous plaît. évidemment, il y a un désaccord, à tout le moins, concernant les faits dans ce cas. Mais l’honorable député a soulevé un recours au Règlement, et je lui demande quel article du Règlement est en cause ici. Je n’ai pas encore compris cela.
M. Benoît Sauvageau: Monsieur le Président, l’article du Règlement qui est en cause ici, c’est tout simplement qu’on a induit la Chambre en erreur en me faisant tenir des propos que je n’ai jamais tenus et en visant ma déclaration en vertu de l’article 31, que l’on retrouve à la page 598 du hansard d’hier, le lundi 13 février 2001.
Vous pourrez voir, monsieur le Président, que ce qui a été véhiculé à la Chambre, ce sont des faussetés, une atteinte à mon intégrité et à mon honnêteté. Je demande à ces deux députés de retirer leurs paroles et de s’excuser.
Le Président: Je crois que l’honorable député a indiqué son point de vue. Malheureusement, à la Chambre, il y a souvent…
Des voix: Oh, oh!
Le Président: …des moments où un député en cite un autre et ne donne pas toute la citation, tout le discours. Nous en avons eu plusieurs exemples pendant la période des questions orales d’aujourd’hui. Souvent, dans les questions et les réponses, on cite des choses différentes d’une même lettre ou d’un même article.
Je crois que ce n’est pas un recours au Règlement si un député, à la Chambre, dit quelque chose concernant ce qu’on a dit ailleurs ou même ici à la Chambre. C’est peut-être une discussion entre les députés concernant l’interprétation de ces remarques, mais il ne revient pas au Président de juger cela comme un recours au Règlement ou de faire dire autre chose aux autres députés.
Si les deux députés qui ont dit quelque chose sur ce sujet veulent retirer leurs paroles, c’est à eux d’en décider, mais à mon avis, il n’y a pas là matière à un recours au Règlement.
M. Michel Gauthier (Roberval, BQ): Monsieur le Président, dans la sagesse de votre décision, j’aimerais simplement présenter un élément qui n’a pas été soulevé par mon collègue.
Le député de Beauséjour—Petitcodiac a mis dans la bouche de mon collègue des mots qu’il n’a jamais prononcés, à l’effet que la région d’Ottawa, que les francophones d’Ottawa étaient indignes de présenter les Jeux de la Francophonie.
C’est une accusation d’une gravité extrême qui est susceptible d’induire en erreur tous les gens qui nous écoutent en ce moment, qui n’a pas ses origines chez mon collègue, qui prend origine uniquement dans le goût de ce député et du leader du gouvernement de déformer nos propos, de nous faire mal paraître face aux francophones du reste du Canada, alors que c’est rigoureusement faux, injuste, incorrect, et ils doivent s’excuser.
Le Président: Le Président ne se souvient pas de la référence à un député en particulier pendant la question ou pendant la réponse.
J’examinerai les «bleus» d’aujourd’hui, et s’il y a autre chose à dire sur ce sujet, je reviendrai à la Chambre demain ou après-demain.
(Le 15 février 2001)