BARRONS LA ROUTE AU MICHAUDISME

BARRONS LA ROUTE AU MICHAUDISME
Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA).

Depuis bon nombre d’années, divers individus et institutions font des
commentaires désobligeants dans les médias à l’égard des Québécois
francophones, surtout quand ils sont souverainistes. Ils ne seraient pas
vraiment des Canadiens, dit-on parfois, et il faudrait les assimiler ou s’en
débarrasser. Quel dommage que chez nous au Québec, Yves Michaud semble
vouloir se faire du capital politique en singeant ces attitudes.

La mince défaite du OUI à la souveraineté du Québec et à sa séparation
du
reste du Canada au référendum de 1995 a des causes multiples qu’il est
difficile et périlleux de singulariser et de hiérarchiser. Monsieur Yves
Michaud cible les « groupes ethniques » en général, et la partie anglophone
de la communauté juive en particulier comme une des causes principales de
l’échec du OUI au dernier référendum. Selon Yves Michaud, ces groupes ont
voté
majoritairement contre l’option souverainiste pour trois raisons :« Il y a
trois raisons à cela: la première, c’est que c’est un phénomène de rejet.
Ils nous rejettent complètement. La deuxième, c’est qu’il y a un sentiment
de haine. La troisième, c’est qu’ils n’ont rien compris de ce qu’on leur a
dit» . Cela revient à faire des Québécois qui ne sont pas d’origine
canadienne-française, des juifs en particulier, des boucs émissaires
exposés à la vindicte populaire.

Ce procédé condamnable tend à rendre plus difficile le rapprochement entre
les diverses composantes du peuple québécois. En effet, qui est, pour Yves
Michaud, ce « nous » dont les Québécois d’origine autre que
canadienne-française, et surtout les Juifs sont exclus? Que veut-il dire au
juste quand il affirme à propos de ceux qui, comme d’ailleurs environ 40 %
des Québécois d’origine canadienne français ont voté NON au référendum
sur
la souveraineté en 1995? « Là, il y a un vote ethnique contre la
souveraineté du peuple québécois. Si nous ne faisons pas en sorte d’intégrer
nos immigrants et de les assimiler, eh bien, nous entrerons sur la pente de
la louisianisation, de la folklorisation de notre société. »

La LICRA section québécoise (LICRA-Québec) affirme que cette
discrimination
entre Québécois sur la base de leur origine ethnique ou de leur position sur
la question de la souveraineté du Québec est malsaine.

La LICRA (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) a
pour
mission de lutter contre le racisme et l’antisémitisme sous toutes les
formes, partout où ils se manifestent. Elle ne fait pas de politique
partisane. La LICRA-Québec a été créée officiellement le 27 juin 1991, avec
l’assistance de madame Pauline Salmona, présidente de la Commission
internationale de la LICRA et de maître Johelle Roué-Villeneuve, avocate au
Conseil d’état et à la Cour de Cassation de France.

Le 14 décembre dernier, par un vote historique, l’Assemblée nationale, a
condamné unanimement, tous partis politiques confondus, les propos d’Yves
Michaud. Malheureusement, les propos entachés d’antisémitisme de M. Michaud
ont un caractère contagieux. Depuis, sous couvert de s’interroger sur le
bien-fondé de la prise de position de l’Assemblée nationale et du Premier
ministre Lucien Bouchard, plusieurs personnalités ont récidivé en signant
une pétition affirmant qu’Yves Michaud a tout bonnement « regretté le
relatif échec de l’intégration d’un certain groupe d’immigrants et a
rappelé
le caractère du vote lors du référendum de 1995 » en ajoutant « on ne
saurait nier la pénible réalité des faits » . N’en déplaise à Yves
Michaud
et aux signataires de la pétition, les communautés juives du Québec sont
très bien intégrées et depuis fort longtemps. Avec leur riche culture, elles
constituent une composante inestimable du peuple québécois, sans qu’elles
aient à s’assimiler et à abandonner leurs coutumes nationales ou
religieuses.

La plupart des analystes politiques s’accordent à dire que «l’affaire
Michaud» a joué le rôle d’un catalyseur dans la démission de Lucien
Bouchard
de son poste de Premier ministre et de chef du Parti Québécois. Il est donc
clair que «l’Affaire Michaud» a pris des proportions inquiétantes et qu’elle
révèle une xénophobie qui était latente dans une certaine frange de la
population. Selon la LICRA-Québec, nous devons intervenir avec décision pour
que le mal ne se propage pas plus.

Pour l’avenir du Québec, il faut barrer la route au michaudisme sous
toutes
ses formes et se montrer intolérant de l’intolérance. Nous devons aussi, en
parallèle, nous insurger contre la discrimination dont font chroniquement
l’objet les Québécois francophones de la part des clones anglophones de M.
Michaud.

Pour la LICRA-Québec,

Maguy Métellus, présidente
Rachel Philippe-Auguste, vice-présidente
Hervé Fuyet, membre
fuyet@qc.aira.com

(Le 15 janvier 2001)


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