UNE SOLUTION COLONIALE

UNE SOLUTION COLONIALE :

Les conseils scolaires
linguistiques

Rodrigue Larose
Sherbrooke

L’un est dit catholique, l’autre
protestant. Le Québec se distingue ainsi par ses deux réseaux
scolaires parallèles complets sur le même territoire,
bien que l’obligation constitutionnelle de maintenir les deux
n’existe que pour Montréal et Québec et ne concerne que les
écoles primaires et secondaires. Aucun pays développé ne se
paie le luxe de deux réseaux scolaires parallèles.

Mais, depuis deux ans, notre gouvernement
travaille à réformer ce système biscornu… pour établir à
nouveau deux réseaux. Cette fois, l’un sera dit francophone,
l’autre anglophone. Les deux seront tout aussi complets… avec
des garanties formelles supplémentaires aux anglophones : en
plus des écoles primaires et secondaires actuellement
enchâssées, les Québécois devront assurer la pérennité de
leurs collèges et de leurs universités, ce que ne prévoit pas
la Constitution actuelle.

Les conseils scolaires linguistiques en
échange des conseils scolaires confessionnels, c’est quasiment
du pareil au même, dirait l’autre, bien que, il faut l’admettre,
ce serait un moindre mal dans la région multiethnique
métropolitaine où, comble constitutionnel, la majorité
francophone confie au PSBGM fondamentalement anglais le soin de
franciser les immigrants. Quoi qu’il en soit, le double réseau
demeure une solution coloniale.

Aucun pays non colonisé n’entretient, sur
un même territoire, deux réseaux scolaires publics, l’un pour
la majorité, l’autre pour la minorité en partie payé par la
majorité compte tenu de l’inadéquation entre le pourcentage de
la minorité anglaise reconnue (9%) et le pourcentage des
élèves fréquentant les collèges et les universités
anglophones (entre 20 et 25 %). Depuis 130 ou 200 ans, le
fantôme du colonisateur scolaire dont le réservoir naturel
s’assèche, comme à Bishop’s où, depuis un certain
nombre d’années, les Québécois paient le cours universitaire
à une majorité d’étudiants résidant hors Québec.

Les pays normaux, non colonisés ou
délivrés du colonialisme, comme la France, les états-Unis,
l’Allemagne, l’Angleterre, la Suède et autres ont un
seul réseau scolaire national d’éducation.
Pourquoi le
Québec en voie de devenir un pays normal n’orienterait-il pas
ses visées finales de ce côté ? Il est malheureux que le
gouvernement du Parti québécois cherche à perpétuer une
solution coloniale : deux réseaux scolaires linguistiques
parallèles complets sur le même territoire… aux dépens de la
majorité qui finance déjà outre mesure celui de la minorité.
Le Québec est-il à ce point riche ?

Deux réseaux parallèles complets, ça
coûte cher. ça coûte cher d’administration et de structures :
double organisation du transport des élèves sur les mêmes
circuits, dédoublement des édifices et appareils
bureaucratiques, entretien d’établissements scolaires à moitié
vides, etc. En vertu du principe des vases communicants, tout
cela c’est moins d’argent investi directement dans
l’apprentissage des élèves. Cette réalité économique
explique peut-être le grave déficit de scolarité des
francophones québécois ? Contrairement aux pays normaux où la
majorité jouit habituellement du plus haut taux de scolarité,
ici au Québec, c’est la minorité anglophone qui se classe
première. Exemple : elle fréquente l’université dans une
proportion de 34,4 %; les allophones, eux, s’y inscrivent dans
une proportion de 20 % tandis que les francophones y accèdent à
18,3 %.

Néocolonialisme ou autocolonialisme, quand
tu nous tiens !


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