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UN MINISTRE GEÔLIER EN FÉDÉRALIE

Cette lettre fut refusée de publication et par
l’hebdomadaire «Le Régional»
(Hull, Québec), et par le quotidien «Le
Droit
» (Hull-Ottawa). éclatante
démonstration, une fois de plus, d’une région dont les «instruments
publics» n’acceptent la critique du statu quo qu’au compte-gouttes et qui,
par là-même, avalise tout à la fois le ridicule, l’insupportable et
l’insignifiance. La vallée de l’Outaouais ou (au sens ancien du terme)
«L’Avalé de
l’Outaouais
»..?

UN MINISTRE GEôLIER EN FéDéRALIE

Le ministre Marcel Massé fit parvenir, en fin d’année, un calendrier à ses
commettants de la circonscription électorale de Hull-Aylmer. Il s’agit en outre d’un
‘lecteur des jours’ conjointement présenté en compagnie de son patron de l’heure, Jean
Chrétien. Or suite aux critiques consécutives à l’oubli (?) de l’inscription de la
Fête nationale des Québécois dans ledit document, M. Massé se confond en roublardes
excuses dans une lettre publiée dans «Le Droit» du 19 décembre. Or, non seulement
l’individu ajoute-t-il l’insulte à l’injure en feignant l’oubli (sur un calendrier qui
s’est pourtant bien gardé d’«oublier» la fête des états-Unis, de l’Irlande, de la
Reine, de l’Ontario et du …Canada. à dire vrai, il n’y manque que celles de Pinochet,
de Jean Charest et de mon beau-frère), mais au surplus il se fait rien moins que
méprisant en diluant jusqu’à l’abolition un anniversaire qui n’est ni simplement celui
d’un ‘saint’, en l’occurrence Jean-le-Baptiste, ni celui des «Canadiens français», mais
bien celui d’un peuple – le peuple québécois. Bref, pour monsieur le ministre (élu au
Québec, faut-il le rappeler), la Fête nationale des Québécois ne fait pas le poids
devant le Yom Kippour ou la journée Martin-Luther-King. Une p’tite fête de la pomme de
terre avec ça..?

Aussi, loin de présenter des excuses, sincères et réelles, cette lettre du 19
décembre 1998 témoigne d’un crasseuse griserie dont seul vraisemblablement le Fédéral
a le secret. Une telle arrogance – qui offre ses regrets par le biais d’une gifle
redoublée, qui enfonce derechef le réprouvé sous le couvert de l’amende honorable –
fait souvenance de la ‘belle époque’ des Lalonde et des Trudeau. Le panache en moins. On
a forcément, par mimétisme et par affinité tout à la fois, les sous-ministres
correspondant au premier d’entre eux («Que voulez-vous..?», enchaînerait d’ailleurs
illico le principal intéressé). Tout ceci est décidément à régurgiter du plus
profond du duodénum.

Une négation aussi claire de la nation québécoise constitue une véritable injure à
tout un peuple, peuple dont ce ministre est pourtant lui-même… un fils. C’est dire
combien cet individu a perdu tout sens d’une dignité authentique (quelles que soient par
ailleurs ses préférences politiques et idéologiques, que je respecte. Mais ne
pourrait-il pas en faire autant lui-même, minimalement?). Il y a des pays où pour moins
que cela on exigerait la démission d’un pareil personnage affublé honteusement, jusque
dans la fange du ridicule, du titre de ministre. Et on se demande ensuite pourquoi les
gens témoignent d’une désaffection croissante à l’égard du politique…

C’est pathétique de voir une personne chercher à nier sa propre identité à ce point
et – par voie de conséquence et ce officiellement en apposant signature! – celle de sept
millions de citoyens. En dernière analyse, pareille servitude de Marcel Massé inspire
moins la colère que la pitié. Sinon le mépris retourné à la case départ.

Vous démontrez au grand jour, pour la xième fois, M. le ministre, que le Canada est
la geôle du Québec. Visiblement, votre grande jouissance réside dans la possession de
la pesante clé de fer. Eh bien jouissez, cher ami, pendant qu’il en est encore temps! Car
bientôt même le Viagra ne vous sera plus d’aucune utilité auprès d’une épouse –
noble, fière, autonome et française – qui se sera enfin libérée de vos sempiternelles
et insistantes mesquineries. Ainsi que de vos lourdes Rocheuses.

Jean-Luc Gouin
Ex-résidant d’Ottawa, Vanier et Hull.
Adrélec : Saturnie@videotron.ca

Le 4 janvier 1998

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