Un accueil soutenu en français
Pour une francisation et
une insertion sociale et économique réussies
des nouveaux arrivants et des non-francophones
Mémoire soumis par
Impératif français
à
Monsieur André Boisclair
Ministre des Relations avec les citoyens et de l’Immigration
Secrétariat à la révision de l’offre des services en
francisation
Le 20 avril 1998
Reproduction et diffusion
largement recommandées.
Merci !
Introduction
Impératif français accueille avec intérêt la démarche du Ministre des Relations
avec les citoyens et de l’Immigration d’associer la population à sa
réflexion sur la francisation et l’insertion sociale et économique des nouveaux
arrivants et des non-francophones.
La pérennité du fait français ne peut être assurée par le seul fait d’inviter en
nombre des immigrants à s’établir sur notre territoire. Il est nécessaire qu’ils s’y
installent à demeure et contribuent au développement de la société québécoise. La
rétention des nouveaux arrivants les plus entreprenants et leur adhésion aux valeurs
fondamentales de la société québécoise sont liées à la possibilité pour eux d’y construire
une identité sociale valorisante et d’y donner un sens à leur
cheminement.
L’engagement de tous les citoyens à participer au succès de la francisation et de
l’insertion sociale et économique des immigrants doit être soutenu par un cadre
institutionnel qui garantit le maintien du caractère fondamental de la culture
d’expression française et qui favorise les relations harmonieuses entre citoyens
d’une société pluraliste.
La vision retenue par le groupe de travail, axée sur la satisfaction de la clientèle
et son intégration à la société québécoise francophone, doit être associée à la responsabilisation
de l’immigrant quant à son parcours, et à la reconnaissance des obstacles
structurels à éliminer pour supporter cette intégration.
Nos suggestions concrètes concernent les niveaux d’intervention suivants: le cadre
institutionnel, la sensibilisation, et la multiplication des occasions de développer sa
compétence linguistique.
Le cadre institutionnel
Nous rappelons avec insistance que la Charte de la langue française exclut
toute exigence non justifiée de la maîtrise de la langue anglaise pour
accéder au marché du travail, y compris au sein de la fonction publique. L’ajout de
l’exigence de la connaissance de l’anglais pour l’accès à un emploi est une pratique
d’exclusion des nouveaux arrivants.
La clarification du cadre constitutionnel suppose que l’affirmation du statut
de la langue française dissipe la confusion et l’incertitude engendrées par des
messages contradictoires. L’exemple le plus anodin d’une situation à corriger est
l’exposition à la langue anglaise imposée par des répondeurs téléphoniques
d’institutions publiques.
Les objectifs des programmes d’accès à l’égalité à l’ emploi
doivent réduire la sous- représentation de la diversité culturelle aux différents
paliers de participation au développement de la société québécoise. Cette
reconnaissance du pluralisme et l’adhésion des immigrants offriront des modèles de
réussite et d’intégration, à l’inverse du message induit par une présence trop
discrète.
La sensibilisation, un prérequis à la francisation.
Le programme de francisation des nouveaux arrivants doit être partie intégrante du
processus prémigratoire. Tout candidat à l’immigration doit savoir avant
d’émigrer que la langue officielle du Québec est le français.
Cette sensibilisation à notre réalité linguistique le prépare à relever les défis de
l’apprentissage de la langue.
En outre, dans la région frontalière de l’Outaouais, le choix de l’Ontario comme
destination première de nombreux francophones qui immigrent dans la région, étonne.
Nous demandons une analyse explicative de ce fait qui remet en question les
politiques d’information et de sélection des services d’immigration.
L’apprentissage à l’âge adulte d’une langue seconde est un processus exigeant. Plus
encore lorsque les occasions de vérifier les dividendes de ses nouveaux acquis
linguistiques sont rares. Chaque parole en français échangée avec un nouvel
arrivant donne du sens à ses efforts. Le goût de parler une langue se
développe avec la possibilité de rencontrer des interlocuteurs, d’accéder à des
ressources culturelles ou économiques et de faire valoir ses propres talents. La sensibilisation
des Québécois à l’impact des démarches d’accueil les plus anodines est un
préalable à l’efficience des programmes de francisation. Encourager un non-francophone
à prendre le temps de trouver les mots pour exprimer sa demande en français est un acte
de civisme. Donnons-lui aussi l’occasion de nous rendre notre salut et de participer à la
conversation (faire la jasette).
La sensibilisation des uns et des autres aux exigences et aux atouts d’une société
pluraliste s’appuie sur des productions culturelles fidèles à cette réalité
interculturelle. Autant le peuple québécois est fier de son patrimoine, autant
il sied de reconnaître les apports des uns et des autres à sa culture et à son
développement. La volonté de croître doit inclure dans la définition du peuple
québécois tous ceux qui contribuent à sa vitalité.
La multiplication des occasions de faire usage de la langue apprise.
L’expérience et les connaissances d’Impératif français en ce qui touche aux
diverses initiatives de la communauté lui permettent d’énoncer quelques moyens de
multiplier les échanges verbaux et les situations d’immersion linguistique:
– Promouvoir les initiatives de rapprochement mises en place par des
associations de citoyens, des associations culturelles, des associations sportives, des
bibliothèques publiques, des clubs sociaux, des clubs de l’âge d’or, des comités de
quartier, des équipes de pastorale, des groupes d’entraide, des groupes de parents, des
syndicats;
– Réinventer la fête: célébrer la fierté de la langue, du
patrimoine culturel québécois; reconnaître la contribution des groupes culturels ayant
choisi le Québec comme lieu de résidence et les y associer;
– Parrainer les nouveaux arrivants en les accompagnant dans la
découverte des ressources de nos communautés, la compréhension de notre culture et
l’insertion dans nos réseaux;
– Supporter les parents non-francophones dans leur rôle d’éducateur par des écoles
de devoir (comme celle mise en place par le comité de quartier Daniel Johnson à
Hull);
– Intégrer des parents non francophones à des groupes de conversation
(à l’instar de celui de l’école primaire Mont-Bleu à Hull);
– Valoriser les connaissances des Néo-Québécois dans des cercles de
découverte des cultures du monde;
– Recourir à la médiation culturelle par des Néo-Québécois pour
apprivoiser la complexité des relations interculturelles à l’oeuvre dans nos activités
sur le territoire québécois ou dans nos échanges internationaux;
– Vaincre la timidité interculturelle et inciter les gens à converser entre
eux (faire la jasette);
– Multiplier les occasions d’immersion sociolinguistiques par la mise
en place de stages d’immersion en milieu de travail et de bénévolat et identifier, avec
le concours des employeurs et des organisation syndicales, des parrains pour
faciliter cette immersion;
– Reconnaître et honorer les initiatives qui concourrent à
l’intégration dans la communauté des nouveaux arrivants (comme le fait par exemple la
municipalité de Hull avec ses Pommes d’Or).
Conclusion
Impératif français est un organisme de recherches et de communications
oeuvrant à la défense et à la promotion de la langue et des cultures d’expression
française. Depuis 1975, il est l’expression d’un mouvement social en faveur de la
francisation. Il organise des activités ou y participe: la Semaine du français, la
Journée de la Francophonie, la Fête nationale du Québec, les Petits déjeuners-causerie
d’Impératif français, la Semaine de la citoyenneté québécoise, la Fête du
Patrimoine, … Il publie un périodique imprimé et tient à jour un site cybernétique
proposant des dizaines de textes de réflexion sur la situation de la langue française à
travers le monde.
Impératif français s’engage, dans la cadre de sa mission,
dans la mesure de ses moyens, et selon les ressources que lui confiera le ministère, à
être un partenaire actif de la francisation et de l’intégration sociale et économique
des nouveaux arrivants et des non-francophones.
Impératif français
C.P. 449
Aylmer (Québec)
J9H 5E7
Tél. et téléc. : (819) 684-7119
Courriel: imperatif@imperatif-francais.org
https://www.imperatif-francais.org/
En annexe:
Impératif français, Un accueil en français pour assurer notre avenir,
Bulletin Ensemble, automne 1997
Perreault, J.P., Recensement 1996: La disparition tendancielle.,
Bulletin Ensemble, hiver 1998
Perreault, J.P. L’Outaouais: érosion culturelle, https://www.imperatif-francais.org/ , 1998
Lagacé, P., Une francisation coûteuse et peu payante, LeDroit 1998
Reproduction et diffusion
largement recommandées.
Merci !
DU FRANçAIS, IL EN FAUT PLUS !