SOLIDARITé YVES MICHAUD
«J’appuie cette déclaration».
Mis-à-jour : 01 January, 2003
Ceux et celles qui souhaitent co-signer la déclaration suivante peuvent le
faire par courriel à l’adresse électronique Imperatif@imperatif-francais.org
en indiquant «J’appuie cette déclaration», votre nom et occupation.
Témoignage de solidarité à YVES MICHAUD
LAssemblée nationale et la liberté dexpression
Par un acte sans précédent véritable dans lhistoire
parlementaire du Québec (et apparemment dans la plupart des parlements des pays
démocratiques dOccident), lAssemblée nationale a condamné, le 14
décembre 2000, sans lentendre, un citoyen pour des propos quil aurait
tenus à loccasion des audiences de la Commission des états Généraux sur
la langue française. En vertu de quelle loi, au nom de quel droit et selon
quels critères ? On aurait envie dajouter : à quelles fins ?
Nous, soussignés, estimons quil y a là à la fois un
véritable détournement de la mission de lAssemblée nationale, une atteinte
grave aux droits et libertés des citoyens et une violation de la Charte qui les
consacre, un acte flagrant dinjustice et une manifestation stupéfiante darbitraire,
dont tout citoyen peut désormais redouter dêtre victime. Une résolution de
deux lignes, hâtivement rédigée, sans même que soient cités les propos
incriminés, adoptée dans la précipitation : cest pour le moins une
formule expéditive!
Délit dopinion
De plus, lAssemblée nationale, par sa consternante
initiative, fait revivre, cautionne et consacre le délit dopinion et lon
sait dexpérience jusquoù cela peut conduire. Yves Michaud était
condamné davance, avant même la comédie du vote par appel nominal :
on était partagé entre lincrédulité et lindignation devant ce
spectacle, devant lapprobation programmée de la condamnation, dans une
unanimité aussi affligeante que suspecte. On approuvait sans lombre dun
débat, sans même que quelques élus aient eu un scrupule, se soient interrogé
sur le bien-fondé de la condamnation, aient demandé quon entende au
préalable laccusé.
Nous avons assisté à un précédent dune extrême
gravité qui dépasse la personne dYves Michaud et la nature des propos quon
lui prête : sont en cause des droits élémentaires des citoyens, leur
liberté dexpression, la séparation des pouvoirs puisque le parlement joue
les tribunaux, la mission et la dignité même de lAssemblée nationale
singulièrement mises à mal dans cette effarante et tragique mésaventure.
Insensibles à la gravité de leur geste, inconscients des effets potentiels de
leur initiative chez nous et même à létranger, nos parlementaires viennent
dassumer une grave responsabilité.
La motion de blâme était fondée sur «des propos
inacceptables à légard des communautés ethniques et en particulier à légard
de la communauté juive tenus par Yves Michaud à loccasion des audiences des
états Généraux sur le français». Le «condamné» a eu, au contraire, des
propos nettement élogieux à lendroit du peuple juif mais au cours dune
entrevue, il a déploré lattitude dun organisme, le Bnai Brith,
nullement représentatif de toute la communauté juive. Par ailleurs, Yves
Michaud a souligné la nécessité et lapport culturel de limmigration,
tout en rappelant quil y a, chez nous comme ailleurs, une sorte de contrat
moral entre limmigrant et la société daccueil. Il a regretté le relatif
échec de lintégration dun certain groupe dimmigrants et a rappelé le
caractère du vote lors du référendum de 1995, dans plusieurs bureaux de
votation où le «oui» fut inexistant. Que certaines personnes veuillent
contester la pertinence de ce rappel, passe, mais on ne saurait nier la pénible
réalité des faits.
Au-delà de la personne dYves Michaud, les véritables
victimes de cette mauvaise action sont la liberté dexpression des
Québécois, la distinction des pouvoirs (car il y a des lois et des tribunaux
pour des propos haineux quand on estime que cest le cas), lautorité et la
dignité de lAssemblée nationale.
Mais la vive réaction de lopinion publique, pleine de
dignité, de santé et de bon sens, constitue un désaveu éloquent du geste
humiliant de lAssemblée nationale, dont il est urgent de restaurer lautorité
morale.
Ont signé à Montréal, ce dix-neuvième jour de décembre
2000.
Yves BEAUCHEMIN, écrivain, Marie-Andrée BEAUDET,
professeure de littérature française (Université Laval), Jules BéLANGER,
ancien candidat du PQ dans Gaspé, Jacques BERGERON, président section
Ludger-Duvernay de SSJBM, Nicole BOUDREAU, ancienne présidente SSJBM,
Georges-étienne CARTIER, psychiatre et ex-candidat du PQ dans
Notre-Dame-de-Grâce, Fernand DAOUST, ancien président de la FTQ, Jean DORION,
ex-président de la SSJBM, Marcelle FERRON, peintre, Sacha GAUTHIER, président
des jeunes du PQ Montréal-Centre, Jean-Claude GERMAIN, dramaturge, Pierre
GRAVELINE, éditeur, Louis LA ROCHELLE, membre du Comité exécutif du PQ de
Mercier, Denis LAZURE, ancien ministre du gouvernement du Québec, Yolande
LEBLANC, adjointe du député Gérald Godin (1977-1994), Jean-Marc LéGER,
journaliste, Gaston LAURION, ancien candidat du PQ dans Westmount, Gaston LHEUREUX,
animateur, Fernand OUELLET, poête, Jacques PARIZEAU, ancien Premier ministre du
Québec, Hélène PEDNAULT, écrivaine, Hélène PELLETIER-BAILLARGEON,
écrivaine, Daniel POURCHOT, historien et pasteur, Paul-André QUINTIN,
président du Comité des relations internationales du PQ, André RENY,
président du PQ de Mercier, Nicole RICALENS-POURCHOT, linguiste, Claude
SAINT-LAURENT, psychanalyste, Gilles TREMBLAY, compositeur, Marie-Pierre Pruvot,
professeur, Hélène JETTé, sympatisante, Jean-Paul PERREAULT, président
(Impératif français), Michel CAREAU, diplomate à la retraite, Pierre BERNIER,
auteur, Françoise TRUDEAU-REEVES, ancienne candidate du PQ dans le Pontiac et
ex-présidente du Comité exécutif du PQ de Hull, Jean-baptiste GAVAZZI,
ingénieur et ex-membre du Comité exécutif du PQ de Hull, Fernand PRINCE,
syndicaliste à la retraite, Claude LABERGE, chômeur/étudiant, Lise LECLERC-DA
SILVA, comédienne et mère de six enfants, Jean-Marie DA SIVA,
comédien-animateur et président de l’Alliance pour un environnement de
qualité(AEQ), Bernard CHOMBART, ingénieur informaticien en retraite et fils de
prisonnier (5 ans) des nazis, Jean-Patrick LAVOIE, étudiant, Isabelle LUKAWECKI,
travailleuse sociales, Léo LABRIE, traducteur, Robert CHOQUETTE, changeur, Robert
BESSETTE, retraité
Danielle BOIVIN, artiste, Joël Vincent CYR, bibliothécaire
Les personnes, groupes, associations, entreprises, syndicats,
etc., indignés du comportement méprisant des députés de lAssemblée
nationale à légard de lun des citoyens les plus éminents et les plus
respectés du Québec, intéréssés à contribuer au défraiement du coût de
la présente annonce peuvent le faire en adressant leur chèque à :
SOLIDARITé YVES MICHAUD
5417, rue Brodeur
Montréal (Québec)
H4A 1J2
Les contributions des plus modestes aux plus substantielles sont acceptées.
Selon les sommes reçues il est envisagé de créer un FONDS DE DéFENSE DE LA
LIBERTé DEXPRESSION des citoyens et des citoyennes du Québec, mise à mal
récemment par des manoeuvres politiciennes suspectes et contraires aux libertés
fondamentales.