RFI peut-être supprimée le matin à New York
France-Amérique
La station WNYE, une antenne au service des communautés et des écoles, appartenant à
la Ville de New York, a décidé de supprimer les deux heures et demie d’émissions
matinales de Radio France Internationale, au grand dam des francophones de la région –
dont 60 000 Français, 250 000 Haïtiens, des dizaines de milliers de Québécois,
d’Africains et de Libanais, sans parler des étudiants ni des diplomates des Nations
unies.
L’enjeu va au-delà du problème local et concerne la présence du français dans les
media. C’est pourquoi le «combat» auquel sont appelés les francophones new-yorkais a
quelque chose d’exemplaire.
Un combat pour la survie du français sur les ondes
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972 Fifth Avenue New York, NY 10021
Tél. : 212-439-1456
Si rien ne se passe d’ici le 4 mai prochain, la diffusion matinale des émissions de
RFI entre 6h30 et 9h, c’est-à-dire principalement les informations françaises et
internationales de la mi-journée en Europe et en Afrique, mais aussi les magazines et
reprotages qui éclairent l’actualité francophone, auront disparu des ondes
new-yorkaises. C’est en effet la décision annoncée brutalement, et prise
unilatéralement, par la station WNYE.
La direction de Radio France Internationale en a été avisée il y a quelques semaines
(voir notre édition du 11 au 17 avril dernier). Ce «diktat» n’a rien d’illégitime en
apparence: RFI loue le temps d’antenne (la radio francophone est diffusée également le
soir de 23h à 1h du matin), et son contrat arrive à expiration le 4 mai prochain. WNYE,
de toute évidence, n’entend pas discuter de son éventuel renouvellement. Juridiquement
parlant, c’est son droit le plus strict.
Moralement, c’est une autre histoire. WNYE n’est pas une radio commerciale censée
raisonner en termes de profit. Or, sa direction avance comme argument un indice d’écoute
insuffisant. Personne, dans la communauté francophone, n’y croit.
Mais quand bien même. Que veut dire &laqno;insuffisant»? A-t-on sérieusement
mesuré l’audience et et comment? Qu’une radio, même à but non lucratif, se soucie du
nombre de ses auditeurs, rien de plus normal. Mais alors, qu’on nous montre les chiffres.
On s’en garde bien. Pis: la station ne répond pas aux appels téléphoniques. Le
partenaire de RFI reste muet et invisible.
Le véritable enjeu, aussi bien pour la radio que pour son indispensable station
relais, est ailleurs. Il n’est pas dans les chiffres, mais dans les programmes. La
qualité du contenu est ici à prendre en compte au même titre que la quantité
d’auditeurs. Maintenir le temps du français sur les ondes, c’est crucial pour la
francophonie, qui ne dispose pas de trop de véhicules médiatiques pour défendre sa
place. Mais c’est logique pour WNYE, une station à vocation éducative, gérée par le
Board of Education et appartenant à la Ville de New York. Les programmes de RFI, ne
serait-ce qu’en raisons de la langue dans laquelle ils sont diffusés, ont une valeur
éducative indéniable. Même si les élèves de «high school» ne font pas l’audience de
RFI, les étudiants universitaires y trouvent un laboratoire de langue et des cours de
civilisation. Et puis quoi qu’on en dise, dans une ville où l’espagnol est devenu la
«seconde langue première», le français reste largement la première des secondes
langues étrangères enseignées dans les établissements scolaires et universitaires.
WNYE, et à travers elle, la municipalité new-yorkaise, n’ont-elles pas une
responsabilité pédagogique à cet égard?
Oublie-t-on, aussi, que le siège des Nations unies est à New York, et que le
français y est l’une des deux langues officielles de travail, au même titre que
l’anglais?
Oublie-t-on que New York et sa région – la «tri-state area» qui comprend les Etats
voisins du New Jersey et du Connecticut – accueille les sièges de plusieurs centaines de
filiales françaises, dont celles des plus grands groupes bancaires et industriels, et que
leurs dirigeants sont des «consommateurs» naturels de RFI?
Alors, quel calcul fait-on à la mairie de New York? Si le problème est politique,
disons électoral, quelle autre communauté «ethnique» a-t-on décidé de favoriser en
lui accordant la plage horaire de RFI le matin? Les Français, certes, ne votent pas en
majorité à New York, et ne sont sans doute ni assez visibles, ni assez bruyants. Quant
aux Haïtiens, les plus nombreux, la mairie semble considérer qu’ils ont leurs propres
radios. Oui. Mais prenez un taxi, et si le chauffeur est haïtien, il a de fortes chances
d’être branché sur RFI aux heures d’antenne.
Le temps est venu pour les francophones de se faire entendre. Ils ont déjà répondu
massivement à l’appel que nous avons lancé dans notre édition du 11-17 avril en
adressant des messages de soutien à RFI. Cette fois, c’est au «Chancellor of the Board
of Education» qu’il faut s’adresser directement . Et le convaincre de porter l’affaire
sur le bureau du maire. Les autorités françaises se sont mobilisées de leur côté pour
rétablir le contact avec les responsables de la station, et leurs «patrons» – le
chancelier du «Board of Education» et le maire.
Disons-le tout net: c’est l’occasion unique, dans tous les sens du terme hélas, de
montrer l’importance de la présence française et francophone dans ce pays. Le «combat»
n’est pas seulement new-yorkais. Francophones d’Amérique, c’est le vôtre, à vous tous.
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