Plus de fonds pour faire quoi ?
Winnipeg – La Commission nationale des parents francophones (CNPF) reste déçue du
budget fédéral rendu public plus tôt cette semaine. Le discours du ministre des
Finances Paul Martin comprend l’annonce d’une hausse de 70 millions $ par année au
financement prévu pour le développement des communautés francophones en milieu
minoritaire, mais ne laisse présager d’aucune direction nouvelle.
"C’est vrai que nous avons besoin de fonds additionnels, souligne la présidente
de la CNPF, Annette Labelle, mais on a aussi besoin de modifier le tir. Ce qui se fait
présentement est inadéquat : l’érosion progressive des communautés francophones ne
fait que s’accentuer au fil des ans. Si on répète les mêmes stratégies qu’avant, on
n’avancera pas nécessairement plus loin, même avec plus de fonds."
La CNPF considère que l’ensemble des programmes fédéraux destinés à l’appui aux
langues officielles doivent être révisés pour produire des résultats en termes de
lutte contre l’assimilation. "Il n’y a aucun plan à l’heure actuelle pour remédier
de façon concrète et concertée à l’érosion des communautés. Est-ce que c’est en
saupoudrant plus d’argent un peu partout qu’on y arrivera ?" s’interroge madame
Labelle.
La CNPF reconnaît que les besoins de la francophonie sont nombreux et complexes. Elle
déplore que, malgré les demandes répétées de ses membres dans les provinces et
territoires, le travail que font les comités de parents à la base pour sensibiliser les
familles et pour assurer une clientèle future aux 700 écoles françaises hors Québec
n’est généralement pas reconnu.
"Il y a un travail immense à faire auprès des familles, auprès de la jeune
enfance et auprès de la jeunesse en général pour que l’éducation joue pleinement son
rôle de pierre angulaire du développement des communautés. La sensibilisation des
jeunes parents, le recrutement chez les ayants droit et les services préscolaires ne
reçoivent pas suffisamment d’attention des preneurs de décisions."
Pour le moment, clame la CNPF, des sommes exorbitantes sont dépensées en éducation
dans les provinces et qui n’atteignent pas la cible, tant au préscolaire qu’au scolaire.
"Il faut que le gouvernement fédéral reconnaisse d’urgence l’assimilation comme
l’ennemi numéro un, non seulement des communautés en situation minoritaire, mais aussi
de l’avenir de la dualité canadienne", soutient la présidente de la CNPF.
"Nous sommes prêts à devenir des partenaires du gouvernement pour trouver des
solutions durables. Mais on n’est pas prêts à rester silencieux quand des millions $
sont dépensés autour de nous sans que cela ait un effet mesurable."
La CNPF préconise une approche concertée face à l’assimilation. "Nous
recommandons qu’un large partenariat entre les gouvernements et les communautés s’attaque
au problème et élabore des nouvelles solutions qui produiront des résultats, a conclu
Annette Labelle. L’année de la francophonie en 1999 est une belle occasion pour
entreprendre une telle démarche."
La CNPF a pour mission d’appuyer ses membres dans 11 provinces et territoires dans
l’établissement d’un milieu familial et éducatif favorisant le plein épanouissement des
familles francophones du Canada.
Source : Jean-Pierre Dubé, directeur général par intérim : (204) 231-1371.
Le 18 février 1999