LES ALLOPHONES SONT DES ANGLOPHONES, SELON LE GOUVERNEMENT CANADIEN
Jean-Paul Perreault
Président
L’accès aux stations de télévision spécialisées, payantes et à la carte de langue française ou de langue anglaise est soumis à certaines règles du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC). Et ce sont ces règles qui définissent les zones francophones et anglophones en câblodistribution.
Le nombre de signaux qu’un câblodistributeur peut diffuser étant limité, l’obligation de diffusion qui découle de l’appartenance linguistique d’un marché est primordiale pour les abonnés.
Toutefois, la réglementation du CRTC est, à cet égard, carrément discriminatoire et dissymétrique. Par exemple, elle exige pour qu’un câblodistributeur soit « considéré comme exploitant son entreprise dans un marché francophone que la population dont la langue maternelle est le français compte pour plus de 50 % de l’ensemble (…) dans la zone de desserte autorisée ».
Autrement, le câblodistributeur « qui n’exploite pas son entreprise dans un marché francophone est considéré comme exploitant son entreprise dans un marché anglophone ». *
Vous aurez noté au passage que tous les allophones, sans exception, sont au sens strict de la réglementation du CRTC reconnus comme anglophones. La version anglaise vient, à son tour, confirmer l’intégrisme culturel du Canada et permet ainsi de mieux comprendre les véritables intentions assimilatrices et isolationnistes du fédéralisme canadien et de la réglementation du CRTC: « A licensee is considered to be operating in a francophone market if more than 50 % of the total population (…) within the licensed area of the licensee has French as its mother tongue…» Otherwise, « a licensee that is not operating in a francophone market is considered operating in an anglophone market ».
Peu importe que ce soit au Québec ou au Canada hors Québec, selon la réglementation du CRTC, les allophones viendront toujours s’ajouter aux anglophones pour déterminer si un câblodistributeur dessert un marché anglophone ou francophone et ultimement si l’abonné aura accès ou pas à certains services télévisuels en français.
Ainsi, selon la définition du CRTC, il est à prévoir que, si les tendances démographiques se maintiennent, l’Île-de-Montréal pourrait, dans un proche avenir, ne plus être reconnue francophone, mais anglophone. Pourtant, la proportion de la population francophone dépassera encore largement le nombre de citoyens ayant l’anglais comme langue maternelle. Les abonnés pourraient alors être privés, en tout ou en partie, de l’accès aux stations télévisuelles spécialisées, payantes ou à la carte de langue française, notamment le Canal D, RDS, Télétoon français, LCN, puisque les câblodistributeurs ne seraient plus tenus d’offrir ces signaux.
Il est facile de déduire que cette réglementation a été pensée d’abord et avant tout pour assurer indistinctement la suprématie anglophone sur les ondes de l’ensemble canadien.
L’existence d’une telle règle dans la réglementation régissant la distribution des ondes canadiennes est un témoignage éloquent des pratiques de discrimination et d’exclusion dont est toujours capable le gouvernement canadien afin d’appuyer l’assimilation linguistique et l’érosion culturelle en favorisant indûment, à coup de législation, de réglementation et autrement, la culture et la langue impitoyablement majoritaires au Canada et en Amérique du Nord.
Cette réglementation doit être modifiée afin qu’au moins au Québec, un marché soit automatiquement reconnu francophone sauf si la population dont la langue maternelle est l’anglais compte pour plus de 50 % de l’ensemble de la zone de desserte autorisée.
Vous pouvez faire parvenir vos commentaires aux personnes suivantes en n’oubliant pas de nous expédier une copie conforme :
Madame Laura M. Talbot-Allan
Secrétaire générale du CRTC
publique.radiodiffusion@crtc.gc.ca
Monsieur Victor Goldbloom
Commissaire aux langues officielles
http://ocol-clo.gc.ca/9f.htm
Monsieur Jean Chrétien
Premier ministre du Canada
chretien.j@parl.gc.ca
Monsieur Gilles Duceppe
Chef du Bloc Québécois
Duceppe.G@parl.gc.ca
Madame Alexa McDonough
Chef du Nouveau Parti démocratique
McDonA@parl.gc.ca
* Source : Règlement sur la distribution de la radiodiffusion (Voir
Partie 2, article 18) : http://www.crtc.gc.ca/frn/legal/bduf.htm
Impératif français
C.P. 449
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(Le 17 novembre 1998)