LA CAMPAGNE DE CFRB FAIT DES VAGUES

La campagne de CFRB fait des vagues

NADIM MOGHRABI

L’Express 24 mars 1998
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La campagne publicitaire de la station de radio CFRB, ayant pour but de faire réagir
les gens afin qu’ils participent aux talk-shows de la station, continue de faire
des vagues dans la communauté francophone. Les deux slogans en cause sont parus dans les
voitures du métro (Should French really be our official second language?) et
dans les pages du Toronto Star (Charest is capable of keeping Quebeckers in Canada. Do
we still want them?
). Ces médias qui ont accepté d’afficher ces messages
controversés violent-ils le Code des normes en publicité?

Bob Brent, directeur du Marketing à la TTC, affirme n’avoir pas reçu de plaintes
concernant la publicité en question. Ce sont plutôt des usagères du métro qui ont
appelé pour se plaindre que le slogan qui demandait: "Avez-vous déjà fantasmé sur
quelqu’un dans le métro?" est insécurisant pour les femmes suite aux attaques dans
le métro. Nous n’allons pas l’enlever pour autant. C’est un point de vue parmi tant
d’autres.

fantasmes

Tant que le message ne viole pas le Code des normes en publicité, on n’a pas à
l’enlever
, indique M. Brent. Selon lui, le message publicitaire controversé sur la
langue officielle est conforme aux règlements du Conseil des normes en publicité.

De son côté la TTC (Toronto Transit Commisison) affirme ne pas se charger directement
des affiches dans ses véhicules et abribus: Nous ne filtrons pas les annonces de
clients que l’on connaît
, poursuit Bob Brent. D’ailleurs, c’est la Urban Outdoor
Trans Ad qui en est responsable. C’est cette compagnie qui filtre les annonces et qui
décide de les placer ou pas,donc qui applique les règles du Conseil des normes
,
conclut-il.

conflit d’intérêts

Mais Urban Outdoor Trans Ad est une filiale de Standard Broadcasting qui possède
aussi, comme on le sait, la station CFRB. N’y a t-il pas conflit d’intérêts?

Absolument pas, renchérit Yvonne Gibson, directrice du marketing et des relations
corporatives chez Trans Ad, nous appliquons aux compagnies du groupe les mêmes règles
qu’aux autres, sans aucun favoritisme.

D’autre part, au service de publicité du Toronto Star, c’est la même rengaine: Nous
ne filtrons pas nos publicités, surtout lorsque nous faisons affaire avec des compagnies
réputées
, affirme John Funston, représentant aux ventes du quotidien torontois.

Ne répondant à L’Express que par télécopie, John A. Honderich, éditeur du Toronto
Star et correspondant d’Alain Dubuc, rédacteur en chef du quotidien La Presse, dans le
cadre d’un exercice épistolaire sur l’unité canadienne, écrit: Notre politique est
d’accepter toutes les publicités à condition qu’elles ne soient pas trompeuses,
erronées ou de mauvais goût. à notre avis, cette annonce (celle de CFRB), bien que
controversée, n’est pas de mauvais goût et donc n’enfreint pas nos règles.

libre échange d’idées

M. Honderick d’ajouter: Bien que je n’adhère pas au message de l’annonce,je ne
puis en empêcher la publication. Un libre échange d’opinions et d’idées, même dans la
publicité, est essentiel en démocratie
, conclut l’éditeur du quotidien à grand
tirage.

Le fameux article du Code canadien des normes de la publicité qui touche au mauvais
goût se lit comme suit: Il est acquis que les règles du bon goût sont subjectives,
qu’elles varient considérablement selon les individus et les lieux, et qu’elles sont par
conséquent en constante évolution. La publicité ne doit pas dénigrer ou déprécier
des individus ou des groupes d’individus; elle ne doit pas exploiter la violence, la
sexualité, les enfants, les coutumes, les croyances ou les traits caractéristiques des
groupes religieux ou ethnoculturels, les personnes désavantagées ou quelque autre
personne, groupe ou institution d’une manière offensante, compte tenu des normes de
convenance généralement admises.

Au Conseil de Normes de la Publicité, on dit ne pas avoir reçu de plainte
concernant les publicités de CFRB.

publicité haineuse

De son côté, le président de la filiale régionale de l’Association
canadienne-française de l’Ontario
(ACFO), François Guérin, a écrit à CFRB, au
CRTC (Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes), qui
attribue les permis de diffusion, ainsi qu’à la ministre du Patrimoine, Sheila Copps,
ultime responsable de ce secteur. Il dénonce la campagne de publicité haineuse
de CFRB, estimant qu’elle ne peut qu’augmenter l’animosité entre les anglophones et
les francophones du pays.

L’attitude de CFRB face au bilinguisme anglais/français, cette composante
essentielle de ce qu’est le Canada, écrit-il, démontre un non-respect des valeurs
fondamentales de ce pays.

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On peut joindre le Conseil des normes de la publicité par télécopie au
(514) 931-2797, ou par téléphone au (514) 931-8060, ou par courrier électronique à : normes@netcom.ca.


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