ESTRIE: Notre histoire ou "leur" idéologie
Le débat sur le nom de notre région est un débat important qui ne
peut laisser un Estrien à l’écart, dans lequel tout Estrien doit s’engager.
L’enjeu est l’affirmation de notre identité par nous-mêmes comme peuple par
opposition à un baptême d’apparat au nom d’une idéologie de l’extérieur
indigne d’un peuple adulte.
Un enjeu de cette importance ne mérite-t-il pas une consultation
publique? Pourquoi n’y en a-t-il pas?
C’est à croire que les temps bénis où quelques Galt, Mitchell
et Paton pouvaient exploiter nos bras à bon marché ne sont pas révolus. Tous les chiens
du Québec pourront aboyer, disait alors Macdonald, imbu de la doctrine de Durham
("…un peuple sans histoire…").
Aujourd’hui, l’Estrie est victorieusement française grâce
au long combat de nos pères et de nos mères. C’est ça l’histoire réelle, la
réalité porteuse d’avenir.
Le reste est matière d’idéologie. L’idéologie selon
laquelle nommer ne peut se faire qu’à l’anglaise en Estrie, ou au moins par
calque d’expressions anglaises (Cantons de l’Est), ne vise qu’à exclure
notre peuple de sa québécitude pour la seule affirmation d’une
"majorité" de 4 p. 100 d’anglophones estriens (selon le recensement du
Canada, et non pas selon les statistiques manipulées par certains démagogues qui
incluent automatiquement dans la colonne anglophone tous les immigrants et tous les
mariages mixtes).
La Eastern Township Ass., filiale d’Alliance-Québec que finance
à millions à même nos impôts le gouvernement fédéral, mène un combat
d’arrière-garde avec le concours d’Estriens, souvent inconscients, plus souvent
encore colonisés (je m’excuse d’avoir à le dire, mais je le dois à la
vérité) et toujours méprisants pour la cause de l’avancement du peuple
québécois. Les vrais meneurs de ce combat se sont trouvé une tête de pont en
l’Association touristique de l’Estrie, devenue des Cantons de l’Est, au nom
de l’Histoire qui, selon eux, appartient tout entière aux Townshippers. C’est
en vertu de cette idéologie qu’ils crient: "raciste!" à tout historien
qui affirme que les Français étaient en Estrie dès 1611. Cela ne date pas d’hier.
Les soi-disant Loyalistes qui se sont installés ici vers les années 1800 – plus de vingt
ans après l’indépendance des états-Unis ! – ont crié "squatter!" au nom
de la loi aux Québécois et aux Indiens établis ici. Et ils se sont approprié nos
terres avec le concours le plus scandaleux du gouverneur anglais.
Jusqu’à quand devrons-nous attendre qu’une véritable élite
se lève au Québec? Une élite vouée à la défense de nos droits. Une élite
courageuse, ayant à coeur de nous donner espoir. De nous nommer en vertu de la justice
démocratique, et non pour maintenir des privilèges indus.
Jacques Dubreuil
Sherbrooke (Québec)