Doublage français des films étatsuniens.
[Cet article est extrait d’un texte publié simultanément
dans les pagélecs du discugroupe: «La Francophonie face à la mondialisation», mis sur
pied par le journal «Le Monde diplomatique»]
On en parle beaucoup au Québec depuis quelques mois, même si le
litige perdure depuis de nombreuses années. D’ailleurs, ce fut l’un des éléments les
plus fermement mis en exergue lors de la visite de Mme Louise Beaudoin à M. Douste-Blazy
(ministres de la Culture respectifs du Québec et de la France), il y a quelques semaines
à Paris.
Concernant le doublage des films anglo-américains, la France
travaille en vertu d’une réglementation qui interdit la diffusion, sur son territoire, de
films non doublés par des citoyens de votre pays. Or, pendant ce temps les films ainsi
doublés dans l’Hexagone inondent le… Québec ainsi que les autres communautés
francophones de la Planète. Compte tenu de l’expertise développée ici en la matière,
et qui n’a plus rien à envier à votre pays, la France maintient une politique du deux
poids/deux mesures qui n’est plus acceptable pour les Québécois.
Si j’ai bien saisi la problématique (car l’auteur de la présente
est un simple citoyen qui observe les événements sans être d’aucune façon partie
prenante au dossier), et que la France reste butée dans les privilèges qu’elle s’accorde
elle-même, eh bien l’alternative qui se profile semble être la suivante:
– Ou bien le Québec conteste officiellement la politique
protectionniste française devant des instances supranationales (dont j’oublie ici les
noms, style GATT);
– ou bien le Québec adopte sur son territoire une politique
identique à celle de la France, et refuse dès lors sur ses terres les films doublés sur
les vôtres.
Je crois savoir ou comprendre – et c’est la politique qui est
systématiquement en vigueur au Québec face à la France et face à la francophonie
mondiale, de façon générale et depuis toujours – que nous privilégions ici un accord
qui renforcisse la francophonie internationale plutôt que de contribuer à
l’affaiblissement de l’un de ses membres. Aussi, le Québec serait profondément attristé
de devoir appliquer la Loi du talion: nous sommes des alliés, non des adversaires!
Comme j’y reviens assez souvent dans mes interventions dans ce
discugroupe portant sur «La Francophonie et la mondialisation», c’est là une attitude
«typique» de la France, qui cherche à protéger mordicus ses privilèges en demeurant
aveugle au fait qu’elle affaiblit du même mouvement la francité mondiale. Et pendant ce
temps, comble de tout, cette même (douce?) France s’américanise à un rythme
effréné… La France agit souvent ‘carré’ en ne pensant que strictement ‘hexagonal’.
Mon opinion, bien personnelle, est qu’elle se tire dans le pied en ne songeant qu’à tout
se mettre en bouche.
Je répète que mon propos n’a rien d’une déclaration
«officielle»: je n’occupe aucune fonction qui autoriserait pareille attitude. Je ne
personnifie que la conscience d’un simple citoyen québécois, membre de la
collectivité de ces «Français du Canada», ainsi que nous
appelait autrefois votre grand Charles. Un homme qui au reste manque tragiquement à la
France d’aujourd’hui.
Le Québec aime la France. Mais la France est-elle capable d’aimer
autre chose qu’elle-même?
Amicales salutations à vous et à tous,
Jean-Luc Gouin
Lac-Beauport, Québec
Athena@Agora.Qc.ca
Nota.- Pour de plus amples informations, et surtout plus
officielles, je vous invite à consulter la pagélec de Madame la Ministre, sise sur le
site du Ministère de la Culture et des Communications du Québec: http://www.mcc.gouv.qc.ca/minister/ind_min.htm