CULTURE ET MUNICIPALITÉS

CULTURE ET MUNICIPALITéS

Un article paru dans La Presse du mardi 22 décembre dernier nous en apprenait beaucoup
sur la politique québécoise à l’égard des bibliothèques et de leur mode de
tarification. Intéressant non? Si l’on parle de culture, je pense que parler des
bibliothèques est un sujet qui mérite la peine qu’on s’y attarde. N’est-ce pas dans les
livres qu’on forme la culture des gens en premier ? Savoir lire était, il n’y a pas si
longtemps, un privilège envié. (…) Voyons cela. Dans un article signé par Isabelle
Hachey, il était écrit ceci :

…Selon les chiffres du ministère de la Culture, 52% des municipalités imposaient
une tarification (en moyenne 9$ par an) dans leurs bibliothèques, en 1996. Le taux de
fréquentation, qui atteint 36 % de la population lorsque l’accès est gratuit, chute à
24% lorsqu’il en coûte quelques dollars pour s’abonner. Ainsi la tarification, même
modeste, fait fuir le tiers des usagers des bibliothèques.

Le Québec constitue d’ailleurs une société distincte en ce domaine. "Au
Québec, on tarifie davantage que partout en Amérique du Nord. Aux états-Unis et au
Canada anglais, les bibliothèques sont gratuites." dit M. Boisvert, président de
l’Association des bibliothèques publiques. Celui ci explique que la majorité des
bibliothèques publiques québécoises relèvent du service des loisirs des
municipalités, un secteur où la tarification est devenue coutume. Dans les provinces
anglophones et aux états-Unis, les bibliothèques, souvent beaucoup plus riches, sont
gérées par un conseil d’administration autonome.

La grande majorité des états américains et quatre provinces canadiennes (Alberta,
Saskatchewan, Colombie britannique et Ontario) possèdent aussi des lois protégeant le
public contre la tarification des services de base. Pas au Québec. "Le gouvernement
considère que la décision de tarifier appartient aux municipalités", dit le
responsable du dossier des bibliothèques publiques au ministère de la Culture, Jacques
Morrier.

Cette position est contraire aux principes énoncés dans le manifeste sur les
bibliothèques publiques de l’Unesco qui stipule que la bibliothèque "doit pouvoir
s’appuyer sur des textes législatifs spécifiques." Lors du Sommet sur la lecture et
le livre, au printemps dernier, le gouvernement a reconnu que la tarification était
"néfaste", mais l’important transfert des responsabilités aux municipalités
(la fameuse réforme Trudel) a freiné les ardeurs de ceux qui souhaitaient l’adoption de
lois ou de mesures coercitives pour assurer la gratuité des services. "….

Que faut- il en conclure ? Un élément clef de notre culture, soit l’accès à la
lecture, est laissé aux administrations municipales. Pas de stratégie nationale. Bizarre
pour un gouvernement, qui est dirigé par un parti dont la promotion du français est un
des ses trois principaux piliers d’existence. Assez surprenant de découvrir qu’un
gouvernement de tendance sociale-démocrate (…) permette à ces mêmes municipalités de
tarifier ce service et, par conséquent, de le banaliser au même niveau que la baignade,
le patinage à l’aréna, etc. Et dire que pendant ce temps, des "méchants"
gouvernements de droite ont, eux, légiféré pour protéger leurs habitants contre cette
tarification. (…)

"Le modèle québécois, le meilleur !"

Normand Thouin
normy@videotron.ca

(Le 28 décembre 1998)

P.-S. Ce texte était publié dans le groupe de discussion Qc.politique


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