J’avais lu le texte ci-dessous paru récemment dans le Toronto Star. Encore une fois, des Anglo-Canadiens ont trouvé la cause de ce, et de combien d’autres malheurs. D’excellents Sherlock Holmes pour trouver chaque fois les mêmes coupables: nous, les Francos.
Je constate depuis fort longtemps que le climat linguistique s’envenime de plus en plus au Canada. Mais combien de fois devront nous monter au front pour dénoncer ces attaques vicieuses contre les Francophones et le bilinguisme officiel en place depuis 1969 au Canada? Ça devient un devoir à temps plein.
Si des Anglo-Canadiens adorent pratiquer leur sport favori de s’en prendre au peuple québécois, imaginez leur zèle envers les Francophones hors-Québec plus à portée quotidienne de leur frustration. D’ailleurs, les Francos sont toujours le seul groupe au Canada dont on peut attaquer à tout point de vue sans risquer un questionnement ou un soulèvement quelconque. C’est même politiquement correct. Certain.e.s z.élu.e.s de toute zébrure ont ainsi trouvé le bon filon pour gagner des appuis parmi les leurs. Triste situation.
Dire que de peu-fiers Francophones d’ici et d’ailleurs n’ont toujours pas compris le sens de leurs devoirs personnel et collectif à défendre et promouvoir la langue française. «Circulez, il n’y a rien à voir». Ce qu’on dort bien, bourrés de somnifères médico-linguistiques.
Voici la chronique de Denise Bombardier parue aujourd’hui dans Le Journal de Montréal. Lisez-la bien, jusqu’au bout.
Jean Poirier, Alfred, Ontario, Canada
Ancien député franco-ontarien, vice-président, Assemblée législative de l’Ontario
Ancien Chargé de mission, région des Amériques, Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF)
Merci au Toronto Star
Encore une fois, le grand journal torontois aide le Québec francophone à comprendre les sources de ses problèmes du moment.
Parmi tous nos dérapages actuels et nos inefficacités structurelles, pour ne pas dire systémiques, nos confrères du Toronto Star ont trouvé l’explication de la pénurie inquiétante de médicaments à base d’acétaminophène et d’ibuprofène, en clair, de Tylenol et d’Advil, indispensables pour soigner nos enfants.
Le système immunitaire de nos enfants, affaibli par les mesures sanitaires des dernières années, les a rendus vulnérables aux trois virus qui s’abattent actuellement sur eux. Dans nos pharmacies québécoises, les tablettes sont totalement dégarnies de ces comprimés pour les enfants.
Le Toronto Star prétend donc que la raison pour cette pénurie est l’obligation de faire des emballages bilingues. Autrement dit, si nos enfants risquent de tomber malades, voire de mourir par manque de médicaments, la faute revient à la minorité francophone qui a réussi à imposer le bilinguisme officiel au Canada.
Nous n’en finirons donc jamais d’être taxés de tant de failles, d’empêchements d’efficacité canadienne avec notre maudite identité francophone, située au dernier rang dans l’esprit de beaucoup de Canadiens post-nationaux.
Boucs émissaires
D’ailleurs, dire que c’est la faute aux Québécois francophones nous transforme en boucs émissaires de ce grand pays en voie d’expansion démographique stratosphérique sous la gouverne du premier ministre Justin Trudeau.
Ce dernier s’endort chaque soir en se répétant le chiffre excitant et grisant de cent millions de Canadiens répandus sur notre territoire d’une mare à l’autre. Si ce nombre est atteint, toutes les langues autochtones revivifiées et celles des immigrants arrivés après 2022 laisseraient peu de place au français parlé par les derniers survivants du Québec qui se compteront en dizaines de milliers plutôt qu’en millions à la fin de ce siècle.
Les Québécois francophones ont le dos de plus en plus large, mais la parole revendicatrice de plus en plus réduite. Faudrait-il se taire devant les inepties comme celles proférées par le Toronto Star ? Les citoyens du Québec sous la gouverne renouvelée du premier ministre Legault s’accommodent de la politique de la CAQ dans ses revendications si mesurées face à Justin Trudeau, devenu le remballeur des demandes québécoises.
Accusations
L’analyse du Toronto Star en dit long sur le peu de considération que méritent les francophones du Québec. On nous considère comme des turbulents plutôt que des combatifs, des racistes plus ou moins conscients de l’être, des islamophobes à cause de la loi 21 parce que nous serions peu enclins à adopter la culture canadienne en matière de tolérance.
Les Québécois ont beau baisser l’échine, refuser l’idée de la souveraineté nationale, ils ne trouveront jamais grâce aux yeux de l’élite canadienne-anglaise et des Néo-Canadiens qui ignorent l’histoire du pays. Ces derniers n’arrivent pas à comprendre le bien-fondé du bilinguisme français-anglais, toujours bafoué par ailleurs.
Tout est déjà joué au Canada quand il s’agit des exigences québécoises. Le reste du Canada croit qu’il suffit d’être patient pour que les francophones disparaissent pour de bon. Alors, le Canada anglais n’aura plus à subir les lamentations collectives du Québec.
Source : https://www.journaldemontreal.com/2022/11/12/merci-au-toronto-star