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« L’emploi de l’anglais en entreprise est illégal en France »

J’espère que l’adoption récente de la loi 96 changera les choses au Québec. En effet, les entreprises de 25 à 49 employés devront dorénavant obtenir un certificat de francisation comme pour les PME de 50 employés et plus. Il était temps, mais pourquoi se limiter à 25 employés ? Toutes les entreprises établies au Québec devraient fonctionner en français. Cela fait d’ailleurs de nombreuses années que j’écris aux journalistes et décideurs québécois afin que la loi change. Vous trouverez ci-dessous le courriel type que j’ai envoyé d’innombrables fois :

Monsieur,

Je me permets de vous écrire car j’ai lu avec intérêt votre lettre ouverte publiée ce jour et souhaitais signaler que l’insécurité linguistique qui sévit au Québec est due au fait que l’anglais est de fait une langue officielle dans la province et concurrence ainsi le français dans de nombreux domaines. Ce dernier se trouve ainsi fragilisé et une des conséquences est qu’une grande partie des immigrants ne s’assimile pas au français. Une autre conséquence désastreuse est le fait que l’on peut vivre toute sa vie à Montréal – la plus grande ville québécoise – sans jamais parler un mot de français. On voit dans cette ville des aberrations sans nom, comme une serveuse ne parlant qu’anglais à ses clients, une scène impensable en France, en Wallonie ou en Suisse francophone. Même à Paris, où l’immigration est très forte, personne n’engagera une serveuse qui ne parlerait pas français. Le patron perdrait tous ses clients. Il est de même impensable d’avoir en Europe francophone des bureaux de vote où le personnel ne parle pas français :

https://www.lapresse.ca/actualites/elections-quebec-2018/201208/28/01-4568808-personnel-electoral-unilingue-anglophone.php

 

Où le personnel hospitalier ne parle pas français non plus :

https://www.journaldequebec.com/2021/09/01/acces-aux-soins-en-francais-christian-dube-sen-mele

 

Ou que des clients soient expulsés d’un commerce parce qu’ils parlent français :

https://www.journaldemontreal.com/2021/03/19/un-francophone-de-gatineau-expulse-dun-commerce

 

Plutôt que de se lamenter sans cesse, il faut faire en sorte que le Québec devienne rapidement un État indépendant, ce qui mettrait fin à toutes ces aberrations. En France, par exemple, la pérennité du français est assurée, entre autres du fait que la loi Toubon française est bien plus protectrice que la loi 101. Regardons ce qu’il en est en détail :

1) La langue au travail

Concernant le droit de travailler en français, la loi 101 est malheureusement incomplète car les entreprises de moins de cinquante salariés en sont exemptées. Même chose pour les organismes fédéraux établis au Québec (cela concerne plus de 200.000 travailleurs). Cette lacune a pour conséquence que de nombreux Québécois sont obligés de travailler en anglais, entre autres à Montréal. À l’inverse, la loi Toubon est beaucoup plus protectrice car le droit de travailler en français s’applique à tous les organismes en France, quelque soit leur statut ou le nombre de leurs salariés. D’ailleurs, des entreprises ont été lourdement sanctionnées pour usage illégal de l’anglais. Par exemple la société américaine GEMS en mars 2006, condamnée à 570.000 euros d’amende (750.000 dollars canadiens) pour avoir pour avoir transmis des documents en anglais sans traduction à ses salariés français. De même pour les sociétés Nextiraone et Europ Assistance, elles aussi condamnées pour avoir voulu imposer à leurs salariés des logiciels en anglais sans traduction :

http://www.rfi.fr/actufr/articles/111/article_79206.asp

 

2) Le français langue officielle

Là-aussi, la loi Toubon est bien plus protectrice que la loi 101. En effet, en France, le français est véritablement la seule langue officielle. Tous les documents y sont rédigés en français et un document écrit dans une autre langue n’y a aucune valeur légale. Au Québec, ce n’est pas le cas. Le français n’y est pas véritablement la seule langue officielle vu que le gouvernement québécois distribue des documents officiels en anglais à qui les veut, entre autres à de nombreux immigrants, les détournant ainsi du français.

Plus généralement, la situation au Québec n’est guère enviable car l’insécurité linguistique y est permanente. Et c’est bien sûr l’appartenance du Québec au Canada qui pose de graves problèmes et qui crée cette insécurité linguistique. La preuve : un pays comme le Mexique a aussi 300 millions d’’anglophones à ses portes. Pourtant, l’espagnol n’est nullement menacé dans ce pays et 100% des immigrants s’assimilent à l’espagnol. Tout simplement parce que le Mexique est un État indépendant, qui n’a aucun compte à rendre à une fédération qui parlerait une autre langue que la sienne. Le problème du Québec n’est donc pas géographique mais bien politique. Et les anglophones ne s’y trompent pas, eux qui ont voté à 95% contre l’indépendance du Québec en 1995. Espérons simplement que le prochain référendum sera le bon, ce qui mettra enfin un terme à cette insécurité linguistique chronique que ne méritent pas les Québécois.

 

 

Daniel De Poli

France

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