Madame Louise Mushikiwabo, Secrétaire générale de l’OIF

Madame Louise Mushikiwabo, Secrétaire générale de l’OIF
Madame Louise Mushikiwabo, Secrétaire générale de l’OIF

Madame la Secrétaire générale

Médaillé Senghor de la Francophonie par votre prédécesseur M. Abdou Diouf en 2014, j’avais beaucoup travaillé avec l’OIF, jusqu’au départ de l’ancien Président de la République du Sénégal.

L’association ALF, créée en 1992, que je présidais était membre du conseil de la société civile de l’OIF.

L’un de mes prédécesseurs à la présidence d’ALF, Philippe Rossillon, avait joué, avec l’éminent Québécois Jean-Marc Léger, et quelques autres grands militants d’Europe et d’Afrique, un rôle non négligeable dans la création de l’ACCT par les 21 chefs d’État et de gouvernement signataires en 1970 du traité de Niamey.

Les associations de mon pays pour le français et la Francophonie, maintenant en synergie, travaillent toujours ensemble dans le même esprit (1).

Certains d’entre nous, ayant des relations étroites avec les Québécois, Acadiens, et autres Canadiens militant pour la langue française, et connaissant Mme Michaëlle Jean, avaient mobilisé en 2014 leurs moyens d’information contre sa candidature à la succession de M. Abdou Diouf, et soutenu celle de l’éminent Mauricien Jean-Claude de l’Estrac, interrompant ainsi les liens officiels avec l’élue, dont le mandat a justifié nos préventions.

En 2018, nous avons encore exprimé notre opposition à la fois à la réélection de Mme Jean, et, quoiqu’avec moins de force, à votre élection.

Aujourd’hui, nous déplorons toujours que n’ait pu être présenté et élu aucun chef d’État africain d’envergure au Secrétariat de la prestigieuse et si importante institution que vous animez depuis bientôt deux ans.

Mais nous avons observé avec attention et un vif intérêt l’action moins médiatique que concrète que vous avez conduite.

Il nous apparaît déjà que les impulsions que vous avez données dans plusieurs domaines, et les quelques réformes que vous avez entreprises, sont porteuses, sinon encore d’effets très visibles, du moins d’espoir.

Nous avons tous lu avec bonheur l’article que vous avez publié dans Le Monde du 7 février au sujet de la politique linguistique post-Brexit de l’UE…et aussi de la France.

Votre souhait et les arguments que vous employez sont aussi ceux que nous avions émis dès le lendemain du 23 juin 2016 – date du vote « leave » – dans la grande compagne que nos associations groupées avaient lancée auprès de tous nos responsables et media de France, ainsi que de quelques homologues étrangers européens et autres.

Le Brexit offre en effet une occasion fort bienvenue de reposer la question des langues officielles et de travail de l’UE.

Nos associations demandent – naturellement d’abord au Président français, et à quelques autres chefs d’État européens – de revenir à l’esprit du règlement linguistique n° 1 adopté en 1958 par la Communauté d’alors.

Elles ont, dans des lettres confidentielles, puis ouvertes aux parlementaires et aux media, enfin au grand public, demandé à ces chefs d’État de s’opposer au mouvement – très perceptible dans les milieux européistes fédéralistes – qui tenterait de faire adopter par le Conseil de l’UE la désignation de l’anglais « comme langue commune » de ses institutions.

L’adoption d’une telle disposition constituerait une atteinte très grave au statut des autres langues de l’Europe, au français en premier lieu, à l’esprit même de l’Europe qui est diversité, et à la Francophonie.

Ce serait ce que vous aussi considérez comme un crime civilisationnel.

Madame, vos premières actions nous ont donné une plus grande confiance en vous, et l’espoir que vous et l’OIF pourriez, dans l’esprit de votre article du 7 février, amener tels chefs d’État de pays membres, notamment européens plus directement concernés, mais aussi africains et autres, à obtenir du Sommet d’octobre à Tunis, le vote d’une résolution adressée à l’UE.

Pour la prier de respecter la diversité linguistique et culturelle de l’Europe, et celle du monde entier que la Francophonie organisée exprime, et de faire en sorte qu’au moins au même titre que les autres langues officielles et de travail des institutions de l’Union, le français, langue de l’OIF, langue officielle de plusieurs dizaines de ses pays membres, et grande langue internationale, retrouve toute la place que lui assigne depuis 1958 le règlement n°1 modifié ».

Veuillez, Madame la Secrétaire générale, recevoir l’expression de notre très haute considération, et des respectueux hommages que je dépose personnellement à vos pieds.

Albert Salon, docteur d’Etat ès lettres (Sorbonne 1981, sur « l’Action culturelle de la France dans le monde »), ancien instituteur rural (de classe unique, en 1954/55), conseiller culturel et chef de mission de coopération, directeur au ministère de la Coopération, puis ambassadeur de la France ; commandeur du Mérite national, officier du Mérite béninois, chevalier de la Légion d’Honneur, des Palmes académiques, et des Arts et Lettres, ainsi que du Mérite allemand (Bundesverdienstkreuz am Band) ; président d’honneur d’Avenir de la langue française (ALF), du Forum francophone international (FFI-France), co-animateur de réseaux francophones internationaux, médaille Senghor de la Francophonie reçue en 2014 de M. Abdou Diouf, au siège de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), médaille d’or 2016 de la Société d’Encouragement au Progrès (SEP), reçue à l’École militaire. Directeur d’une émission régulière « le français en partage » dans une radio patriote indépendante ». Ouvrages : « Colas colo, Colas colère », éd. l’Harmattan, 2008 ; « Une volonté française », préface de Claude Hagège, éd. Glyphe, 2012), et alii.

  1. Nos associations en synergie on voulu marquer le 20 mars et le cinquantenaire de l’ACCT devenue OIF en envoyant aux dirigeants et parlementaires français, et à de nombreux media, le communiqué de presse ci-joint, ainsi que deux articles – liés en complémentarité – sur l’histoire de la construction francophone, l’un sur les institutions officielles, l’autre sur les militants et associations qui ont largement porté les premières, et leur ont donné l’essentiel  de leur patrimoine idéologique, dont vos services peuvent faire tout usage qui leur paraîtrait utile..

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