On écrit beaucoup sur le premier ministre Couillard, mais quelque chose résiste aux analyses, comme l’eau sur le dos d’un canard. Quand on a passé à la loupe ses réactions, ses erreurs, ses parades et ses décisions, il y manque encore le fil conducteur qui nous guiderait dans le labyrinthe. Parfois, on frôle l’explication mais vite, à l’image de Couillard, on tourne la tête dans une autre direction, plus convenue et plus rassurante. Serait-ce que l’on serait atteint de la même déviation? Ou se déroberait-on à l’aveu que l’on s’est engagé très avant dans la même voie?
Chose certaine, M. Couillard est un gestionnaire habile, l’un des meilleurs que le Québec ait eus, mais il lui manque la qualité principale que l’on attend du premier ministre : le sens national. On n’a jamais entendu de sa bouche quelque discours que ce soit sur la nature du Québec, sur son destin historique et rien de précis sur ses positions face à Ottawa. Davantage, toutes ses décisions en ce sens, ou leur absence, visent à une mise à niveau du Québec avec le gouvernement fédéral, à un effacement inédit du Québec dans son caractère distinct, dans ses compétences particulières. Un jour qu’un journaliste le pressait un peu trop sur l’identité québécoise, le « sphinx », atteint dans son énigme, s’émut un bref instant, un léger strabisme fit étinceler son regard et il laissa échapper, comme une balle, le propos suivant : « Il n’y a pas qu’une façon d’être Québécois! »
Du moment que l’on évite le sens premier, fondamental du terme de « Québécois », que l’on n’en est plus partie prenante, que peut-il bien en rester? Sans doute faut-il le demander au « penseur » du Parti libéral, le ministre Jean-Marc Fournier qui, au moins une fois, a levé le voile sur le mystère : « Être Québécois, c’est une façon d’être Canadien! » Pour un peu, il aurait dit, la langue lui fourchant à peine : « Canadian »!
Hubert Larocque,
Gatineau