M. Péladeau s’est démarqué des autres politiciens en tenant à distance les médias. À notre époque, un chef d’État ne peut éviter la presse, mais il doit conserver le contrôle de sa parole. La distance est la première partie de l’art de gouverner.
La course au poste de chef du PQ l’oblige à se commettre un peu, surtout que les événements de Charlie Hebdo ont ravivé le sujet de la laïcité. Le Québec n’avait pas besoin de ces débats vu que la religion nationale, le catholicisme, a été congédiée comme on le sait et que les catholiques semblent avoir trouvé hors du pouvoir clérical une voie qui les dispense de le regretter. Le poids de l’histoire, le sillage de leur œuvre suffisent à rappeler leur importance fondatrice et identitaire.
Dans ces conditions, il est un peu gênant de rappeler que le « débat sur la laïcité » qui a récemment agité le Québec concernait le statut des Musulmans dans la cité. Car l’Islam est une religion militante doublée d’une identité dont elle est inséparable. Encore plus gênant, les Québécois qui se sont passionnés alors pour les « signes religieux » n’ont pas vraiment parlé de l’Islam, mais d’eux-mêmes et de leurs propres divisions d’où le caractère étrangement enflammé des débats et, sitôt après l’élection des Libéraux, une amnésie à peu près totale, alors que cette question tenue pour vitale n’avait reçu aucune forme de solution. Le Québec traditionnel, identitaire, refusait tout signe étranger dans l’espace public, alors que des intellos hors-sol et des « multiculturels » se retranchaient derrière une « québécité » a-québécoise, multiforme et exclusivement civique.
Hélas! il n’y a ni dérobade ni demi-mesures possibles. Le débat a déjà eu lieu et sa réédition ne servirait qu’à reproduire le caractère inconciliable de ces positions. M. Péladeau doit bien le savoir et son « mutisme » montrerait alors une véritable grandeur. La solution n’est pas dans une Charte de la laïcité, informulable au demeurant, mais dans une solution pratique passant par un seul décret ou un simple règlement, clair, ferme et sans exception. Cette solution, la voici : aucun signe ostentatoire, aucun costume ethnique dans tous les postes relevant de l’État québécois, de la garderie à l’université, des municipalités à l’Assemblée nationale, dans tout l’appareil judiciaire, des postes de police aux prisons, et jusqu’aux tribunaux. Et savoir tenir tête aux Chartes et aux tribunaux.
Hubert Larocque, Gatineau.
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