Le PLQ en est arrivé à une impasse où il doit redevenir québécois ou se marginaliser en une variante du Parti Égalité.
Certes, le PLQ a été un grand parti, mais toute formation, surtout politique, doit évoluer et, manifestement, le PLQ en est resté à des positions dépassées et devenues insoutenables. Son honneur consistait à croire en la possibilité d’atteindre à l’épanouissement du Québec à l’intérieur du Canada et à travailler avec constance à la réalisation de celui-ci. Si les structures politiques du Canada sont restées en place, l’âme du Québec, depuis 1960, s’est épanouie à côté du Canada et même sans lui. Ce bel idéal de reconnaissance au sein du Canada a été démenti et ruiné par le comportement du Fédéral qui s’est refusé à toute évolution de la Constitution canadienne dans le sens de la vocation particulière du Québec. La Constitution de 1982, l’échec de Meech sont des événements graves qui n’ont reçu aucune réparation et dont nous vivons aujourd’hui les conséquences de plus en plus accusées. Il ne reste au Québec comme avenir au sein de la fédération canadienne que la soumission au Canada anglais et la dilution inévitable de son caractère distinct dans la « diversité » culturelle.
Le PLQ n’a pas pris acte de ces changements et a continué, en dépit des événements, à appuyer presque sans nuance toutes les décisions d’Ottawa et de ses tribunaux. Ce parti, qui fut autrefois une expression valable du vouloir québécois, s’est identifié de plus en plus au Gouvernement fédéral et, de pair, au Canada de l’immigration. La conséquence, c’est qu’il s’éloigne de plus en plus du Québec français de la majorité et que, bientôt, il ne représentera plus que Montréal et les comtés à dominante anglaise.
Le débat sur la Charte révèle de façon crue la contradiction entre l’idéal premier du PLQ et la trahison dans laquelle il s’apprête à glisser. À travers ce débat, ce qui revient nous hanter, c’est tout simplement le vieil antagonisme entre le Canada et le Québec, entre le fédéralisme et l’indépendance, entre une minorité folklorique au sein du Canada et un peuple québécois vigoureux et fidèle à son identité. On se tromperait en croyant que l’on se passionne d’abord pour des questions de religion et d’expression publique de celle-ci. Les signes religieux sont en réalité profondément identitaires. Le débat ne serait pas si long ni si vif s’il n’était pas l’expression indirecte et dégradée de notre problème national qui n’a pas encore reçu de solution satisfaisante, que ce soit à l’intérieur ou en dehors du Canada.
Le PLQ en est arrivé à une impasse où il doit redevenir québécois ou se marginaliser en une variante du Parti Égalité.
Hubert Larocque, Gatineau.
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