Le mot de liberté a un extrême pouvoir. Sitôt qu’on le prononce, les cœurs battent, et comme on voudrait qu’on lui ouvre les portes sans résistance et qu’elle advienne partout! Elle ne vaut justement que ce qu’elle a coûté. La liberté politique pose le plus de problèmes car l’histoire enseigne que les peuples ont la liberté de changer de maître et non celle de n’en point avoir. Qu’on relise la dernière scène du Lorenzaccio de Musset, ou celle d’Hamlet.
L’Égypte avait une identité nationale bien définie, jamais mise en doute, un territoire précis et incontesté, un État bien à elle et une institution clé, son armée. Elle s’est donc soulevée pour des raisons secondaires, accidentelles, mais avec quelle ferveur, sur l’assise de cet essentiel d’un peuple pleinement maître de lui-même.
Imagine-t-on le Québec se soulever pour exiger son essentiel : identité, territoire et gouvernement complet? Nous aimons le mot, mais que savons-nous de la chose? Liberté de parole, liberté politique. L‘histoire nous a domestiqués en nous enseignant la prudence de ne jamais pratiquer ni l’une ni l’autre. Si nous étions libres, que serait-il arrivé en 1982? Comment recevrions-nous les jugements de la Cour suprême sur la loi 101? Le Tribunal des « droits de la personne » pourrait-il punir impunément une expression de notre identité historique?
Hubert Larocque, Gatineau.