Le Québec est un peu en retard sur l’histoire. Il n’a pas accédé à l’indépendance quand ce mouvement était général et incontesté au tournant des années 60. Cela ne veut pas dire que l’indépendance ne lui est pas nécessaire et toujours présente. N’est-elle pas sous-entendue comme l’ombre et l’arrière-plan de tous nos débats? Sur quoi reposerait notre identité, notre horizon de lutte si elle venait à s’effacer de nos préoccupations? Quelle serait notre avenir au Canada s’il ne restait que le fédéralisme? Lire ses défenseurs, analyser sa démarche, c’est déjà répondre à la question. Nous aurions perdu la seule assise sur laquelle nous pouvons appuyer notre espoir de survie et d’épanouissement.
Pourquoi ces divisions qui empêchent les Québécois de s’unir pour achever notre destin en lui donnant la base d’un pays? Tous les « souverainistes » s’agitent comme des araignées dans un pot en assurant ainsi, par défaut, le « succès » du fédéralisme. Aucun ne s’avère capable de poser le problème selon sa donnée historique et le fonctionnement réel du régime fédéral. S’il y a un problème québécois, c’est que nous sommes un peuple conquis. Il s’agit donc de reconquérir l’indépendance que nous possédions à l’intérieur de la France avec laquelle nous étions parfaitement homogènes avant 1760. La Conquête aurait dû nous mettre au monde en nous détachant de la France d’Europe et en nous définissant, ici, pour nous-mêmes et à part entière, comme la France d’Amérique.
Tous les partis indépendantistes ne peuvent que se dédoubler et courir à l’échec s’ils ne s’unissent pas pour revenir à l’origine de notre condition historique. Réaffirmer l’identité et le droit du Québec historique, placer au cœur de la démarche le peuple originel du Québec, convier les divers immigrants à le connaître et à épouser sa cause. Quant aux régimes imposés par la Conquête britannique, dont le Canada est l’avatar actuel, le considérer et le traiter comme tel. Il ne peut y avoir d’autre angle d’attaque qui donne à l’indépendance clarté, unité, force et irréfutabilité.
Hubert Larocque, Gatineau.