Chef de l’Opposition, pauline.marois@assnat.qc.ca
Objet : Mieux vaut tard que jamais
Le Devoir du 4 courant confirme la nouvelle entendue à la télévision la veille, à savoir que le parti québécois n’a pas eu le courage de corriger une injustice grave qui date de dix ans à l’endroit d’Yves Michaud. C’est une indécision à laquelle je ne m’attendais pas de la part de votre parti.
L’Assemblée nationale a condamné cet ancien parlementaire pour des paroles qu’on lui a attribuées erronément et sans l’avoir même entendu. Cette décision unique dans l’histoire de l’Assemblée à ma connaissance, inique, devrais-je ajouter, est une tache dans notre histoire parlementaire que les élus devraient effacer et une injustice à corriger à l’endroit d’Yves Michaud.
Qu’un parti démocratique comme le vôtre n’ait pas pris l’initiative de corriger cette erreur dans le passé a de quoi surprendre, mais qu’il soit allé jusqu’à refuser de débattre de la motion de M. Amir Khadir, dépasse l’entendement. M. Charest va entendre parler de la création d’une commission d’enquête dans l’industrie de la construction jusqu’aux prochaines élections, mais vous, vous allez vous faire rappeler l’affaire Michaud, ce sera ennuyeux et très gênant.
Rappelez-vous cette phrase de Cicéron dans ses Philippiques : « C’est le propre de l’homme (il n’excluait sûrement pas la femme) de se tromper ; seul l’insensé persiste dans son erreur ». Notre population exprime aujourd’hui la même idée lorsqu’on l’entend dire qu’une personne sort grandie d’avoir reconnu ses erreurs.
N’allez plus répéter que vous avez voulu éviter un piège tendu par les libéraux. C’est un prétexte que personne ne croira. De grâce, faites le geste qui s’impose. Rectifiez le tir après la fausse manœuvre que le parti vient de faire. Il faut du courage pour agir aujourd’hui, mais ce sera encore plus difficile demain. Certes, les libéraux vous taperont dessus à cette occasion, mais vous en ferez autant de votre côté, je ne suis pas inquiet de votre capacité de riposter. Si certains de vos collègues refusent alors de vous suivre, ce sera leur problème. Mais, l’honneur du parti et le vôtre seront saufs.
Madame, prenez le taureau par les cornes (excusez l’expression brutale). Agissez en qualité de chef d’un parti qui reconnaît l’erreur passée de l’Assemblée nationale à l’endroit d’Yves Michaud et qui veut la réparer.
Veuillez agréer, Madame la Chef de l’Opposition, mes salutations très distinguées.
Robert AUCLAIR