LE FOULARD, VERSION ALLÉGÉE DU NIDJAD

Le foulard, version allégée du nidjab…

La ministre James bannit la burqa de certaines écoles. Il faudrait maintenant passer au foulard, cette version allégée du niqab. Pourquoi s’empêtrer dans les dédales d’une terminologie? Nidjab, burqa, niqab, tchador, foulard, – il s’agit de la même réalité, peu importe le degré. Que signifie le port de ces vêtements-coiffures? Tout simplement, la volonté de rester ailleurs et la manifestation inconsciente ou voulue du refus de s’intégrer. Les porter est chargé en soi d’un langage fort et direct sans qu’il soit nécessaire d’invoquer tout un monde nébuleux de valeurs souvent discutables.

Lévi-Strauss avait vu dans le port d’un costume étranger un simple accroc à la politesse. C’est de fait une injure au Québec, et le sens commun le voit ainsi, beaucoup mieux que les élucubrations de la Commission Taylor-Bouchard et les prétentieux et tyranniques arrêts de la Commissions des droits de la personne. Ne nous imposent-elles pas sous le nom de droits et d’accommodements des obligations contraires à notre identité et à notre volonté collectives? Nos forces vives se diluent dans une casuistique où le « vivre avec nous » devient un « vivre ensemble » dans lequel nous perdons nos droits de peuple. C’est l’étranger qui nous accueille à ses conditions dans notre propre pays. L’immigration doit être un apport à nous-mêmes et non une occupation étrangère. Le Québec ne doit avoir qu’une seule personnalité, un seul visage officiels. La survivance temporaire et l’expression de la nationalité antérieure, quand elles demeurent strictement privées, ne briment en rien les droits individuels honnêtement interprétés.

C’est avant l’arrivée à l’aéroport Trudeau qu’il faut agir en s’assurant que l’immigrant, homme et femme, parle déjà le français, qu’il connaît et accepte la réalité du Québec. Les femmes devraient suivre au préalable un entraînement contrôlé à porter le costume d’ici, et signer une promesse d’y persister une fois sur notre sol. Dans le choix des immigrants, il ne faut pas omettre de considérer la religion comme le plus important facteur culturel qui détermine la capacité de l’immigrant à s’adapter au pays. C’est là que la distance prise à l’endroit du catholicisme, comme religion nationale, nous rejoint et nous met en position de faiblesse par rapport au noyau dur de l’identité musulmane ou judaïque par exemple. Si d’aventure, on voit dans notre espace public ces costumes étrangers, sauf sur des scènes de théâtre, la police devrait avoir le pouvoir de confisquer l’objet et d’émettre une contravention comme pour tout délit. Nous en sommes au point où il faut dénoncer ces chartes et ces jugements de cour que l’on rédige, dans une perspective étrangère, contre notre histoire, notre personnalité et notre volonté collectives. Oui, les droits sont nobles et normatifs quand ils sont appliqués dans le cadre de l’identité nationale, alors qu’ils deviennent oppressifs et ambigus dans une optique abstraite, prétendument universelle. Ce sont les résultats du postulat multiculturaliste et de ses avatars plus ou moins avoués : diversité, pluralisme, interculturalisme. On a vu que les droits de l’homme promulgués par la Révolution française avaient servi, entre autres, à envahir les pays voisins et à coloniser nombre de peuples. Nul doute que la Charte canadienne serve surtout à brimer notre identité québécoise et à relativiser notre langue et nos coutumes au profit d’immigrants, qu’ils proviennent du Canada ou d’ailleurs. Comme notre peuple est soumis à une constitution en grande partie étrangère, le Québec est contraint, pour faire, très imparfaitement, respecter son identité dans l’espace public, de recourir à des sous-entendus, à des prétextes obliques tels la laïcité ou l’égalité hommes-femmes. Les plus intelligents d’entre nous ont bien saisi que le caractère métaphorique, obsessif de ces termes cachait la revendication d’une identité devenue honteuse et qui n’ose plus, de face, dire son nom.

Hubert Larocque, Gatineau.

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