M. Philippe Couillard,
Député de la circonscription de Jean-Talon (Capitale nationale)
Ministre de la Santé et des Services sociaux
Gouvernement du Québec
M. Couillard
(ministre@msss.gouv.qc.ca),
J’ai lu avec attention, à l’occasion du Canada Day, le petit « mot partisano-publicitaire » que vous adressiez à vos commettants dans le Québec-Hebdo du 30 juin dernier.
Or il se trouve que dans ce minuscule texte de trois petites phrases – truffées de lieux communs, il faut bien le dire – sur ce Wonderful Country, et qu’endosseraient d’ailleurs sans hésiter un Jean Chrétien, un Pierre Pettigrew un Stéphane Dion ou un… Jean Charest, vous avez trouvé le moyen d’insérer le vocable « Canada » (et dérivés) à six reprises !
Trois courtes phrases / 6 canadiennetés.
C’est de l’amour, ça, monsieur !
Et pas une seule fois sous votre plume – vous qui êtes un député et ministre à l’Assemblée nationale du Québec, antre de la souveraineté de l’État québécois – n’apparaît ou n’est formulée la simple identité de ces dits commettants que vous estimez représenter. Non, point du tout. On a du Canada jusqu’à plus soif, jusqu’au bégaiement même, certes; mais pas une seule fois, non, pas une seule, nous voyons surgir de votre « pensée » (et rugir, moins encore) les termes : Québec ou Québécois.
Or en lisant ce mot flagorneur jusqu’à l’indécence, monsieur le ministre Couillard, je crois avoir compris l’homme que vous êtes vraiment.
En conséquence, si jusqu’à ce jour vous demeuriez l’un des très rares membres de l’actuel gouvernement à conserver à mes yeux une certaine crédibilité (et ce en dépit du fait que vous n’ayez jamais livré la marchandise quant aux résolutions des problèmes de notre système public de santé; et dieu sait pourtant que les promesses en ce sens ont plu en averses de votre bouche, et de celle de votre chef, à la faveur des deux dernières campagnes électorales…), je dois bien admettre aujourd’hui que je faisais erreur sur votre personne.
J’ai compris en effet, par ce mot de propagande (technique brevetée comprise : celle du martelage lexical), où se logeaient vos allégeances fondamentales. Bref : « Nous sommes tous des Canadiens, et c’est fort bien ainsi ».
La Québécité et la Québécitude, manifestement, c’est tout juste bon pour la Fête nationale (que d’aucuns, notamment une masse impressionnante de commerçants chez lesquels il ne viendrait jamais à l’esprit d’offrir autre chose que de la commercial english american music à leur clientèle, diluent systématiquement dans le concept informe, réducteur, ethnico-religieux et banalisant nommé : Saint-Jean). Le reste de l’année, comme de bien entendu, nous ne sommes plus que des Genuine French Canadians…
M. Couillard, je vous le déclare sans ambages et sans détour : vous êtes un homme qui, à mes yeux citoyens, venez à l’instant de perdre toute crédibilité à servir honnêtement les intérêts supérieurs du Québec.
Bien à vous,
Marie-Louise Lacroix
MarieLacroix@moncanoe.com
Québec, 30 juin 2007